LES VOIX SONNEUSES SUD DE FRANCE 2024 / JOUR 2

Après une précédente édition auréolée de succès avec notamment des têtes d’affiche comme Cali, Les Wampas, Mouss & Hakim ou les Hurlement D’Léo, et un off avec le très bon Fabian Ordonez (le papa de Big Flo & Oli) en février, on attendait vraiment beaucoup de ce festival Les Voix Sonneuses mouture 2024. Il faut dire que depuis quelques temps « le plus grands des petits festivals » a le vent en poupe et une volonté de bien faire.

Ainsi, depuis qu’il en a repris les rênes en 2020, Frédéric Coux, le Directeur de l’évènement n’a eu de cesse de se démener pour proposer une programmation éclectique et de qualité ainsi qu’une organisation aux petits oignons taillée pour une cible familiale. Et force est de constater c’est payant puisqu’il a pu décrocher l’appellation « Sud de France » pour Les Voix Sonneuses (comme pour les gros festivals Pause Guitare ou Les Déferlantes).

Autant dire que l’homme mène bien sa barque, mû par une réelle volonté de développer son bébé sans pour autant perdre la dimension humaine et locale propres aux Voix Sonneuses. Pour cette sixième édition du festival avec entre autres Les Sheriff, Les Négresses Vertes, Sergent Garcia, Le Peuple de L’Herbe ou 7 Weeks, le public a répondu présent. En effet, environ 10 000 personnes se sont pressées dans les allées de la Place du Champ de Mars pour cuire sous un soleil de plomb le vendredi et braver la pluie le samedi !

Samedi. 18h. La météo a été très capricieuse depuis la matinée et de nombreuses averses ont déjà eu lieu toute la journée. Malgré l’accalmie, on se dit que cette seconde soirée risque d’être difficile si la pluie revient. Cependant, le public est bel et bien là malgré la météo, prêt à attaquer la dernière ligne droite de l’édition 2024 des Voix Sonneuses. Les sourires sont toujours présents sur les visages, la bière coule (encore) à flot et les queues devant les food trucks commencent à prendre forme… Bref, peu importe le temps qu’il fait, les festivaliers ont réinvestis les lieux et sont d’ores et déjà prêts pour la seconde couche !

SOA, DÉCOUVERTE DE NOUVEAUX TALENTS

En guise d’ouverture de ce second soir du festival, c’est Soa, le second gagnant du tremplin récemment organisé par Les Voix Sonneuses qui a la lourde charge de lancer le bal. Composé de Ludysoa et de Nathan et accompagné pour l’occasion par le batteur Jay, le duo de frère et sœur monte sur les planches devant un public qui s’amasse peu à peu vers le devant de la scène. Malgré leurs jeunes âges (22 et 24 ans), les artistes ont un pedigree plutôt intéressant puisqu’ils ont déjà à leur actif une expérience non négligeable (un passage à The Voice Kids pour Nathan, une sélection Eurovision France, …) et ont fait pas mal de scène ici et là. Ainsi, dès l’opener « Seule », le duo arrive facilement à capter l’attention du public, notamment grâce à un son accrocheur et des paroles positives. Qui plus, l’alternance des voix entre Ludysoa et Nathan permet de donner pas mal de relief à l’ensemble. Une belle entrée en matière.

Toutefois, malgré tout le talent des jeunes gens sur scène, Soa parle beaucoup trop entre les morceaux pour expliquer le contexte des compositions, la date de sortie, la thématique des textes etc. si bien que ça casse un peu la dynamique du concert. Rien de rédhibitoire, car il est toujours intéressant d’avoir des informations sur les titres joués en concert mais à la longue on a l’impression d’être en face d’un duo qui se justifie d’être sur scène… C’est assez dommage car Soa est fort talentueux mais le blabla fait vite retomber la belle énergie dégagée entre les morceaux et ce, malgré des spectateurs de plus en plus nombreux devant les artistes en herbe.

Au final, on a eu droit à un concert un peu en dents de scie à cause de la parlotte mais on a fait une superbe découverte. Ces jeunes musiciens pétris de talent ont toutes les cartes en main pour aller loin et peuvent aisément se détacher de la masse pour briller dans de plus hautes sphères. Les compositions sont bien travaillées, les chants sont bien maîtrisés… il ne reste plus qu’à travailler la dynamique en concert. À revoir d’ici peu !

Setlist Soa

  • Seule
  • Yaka
  • SM
  • Celle
  • Âmes Sœurs
  • C’Est Que Le Début
  • Dans Tes Yeux
  • Malagasy
PICON MON AMOUR : L’AMOUR EST DANS LA BIÈRE !

Après un changement de plateau un peu longuet qui fait trépigner le public d’impatience, le duo Picon Mon Amour arrive enfin sur les planches pour un concert / spectacle ô combien déjanté. Ainsi, Laurène (chant, accordéon) et Jojo (chant, instruments) vont tout de suite mettre l’ambiance en mettant sur pied un set où s’entrechoquent chansons humoristiques (« La Chieuse » et « La Grève Du Slip ») qui font le lien avec petites scénettes complètement folles du couple (car oui, ils sont ensemble dans la vraie vie).

Très vite, le concert prend presque la forme d’un spectacle de rue tant le côté burlesque et théâtral de Picon Mon Amour prend parfois le pas sur les chansons. Pourtant, les compositions du duo sont sacrément accrocheuses au niveau des mélodies (« Edmond et Emma ») et possèdent des textes très intéressants. En effet, derrière la gaudriole affichée par Picon Mon Amour, on capte ici et là, en toile des fond, des textes engagés sous couvert d’un humour bien appuyé (« Liberté », « Nichon Ni Froid »).

Et même si le public a été pris à froid dès le début du set par le « show » du duo, il n’a pas eu du mal à rentrer dans son univers déjanté et danser dans le pit. À ce titre, lorsque Jojo descend dans la fosse en plein milieu des festivaliers pour chorégraphier une ronde de village (« parce que les circle pits c’est surfait »), tout le monde se prend au jeu pour former une énorme farandole !

Sur scène, le spectacle est partout à la fois, entre les bons mots de Laurène et la folie de Jojo (il se mettra en slip, se jettera encore une fois dans la foule) à la plus grande joie de tout le monde ! Il faut dire que Picon Mon Amour se donne à fond dans son spectacle et que la dynamique prend bien au regard du monde qui se presse depuis le début devant la scène ! Il est clair que ce set est LE moment WTF du festival… mais quel moment incroyable et jouissif !

En définitive, malgré un univers qui sied plus au spectacle de rue ou dans des lieux intimistes plutôt que sur une grande scène, Picon Mon Amour est arrivé sans peine à fédérer autour de lui un public curieux devant ces énergumènes, mais terriblement conquis dès les premières minutes de la prestation du duo. Encore une très belle découverte…

Setlist Picon Mon Amour

  • La Chieuse
  • La Grève Du Slip
  • Edmond et Emma
  • L’Annuaire Amoureux
  • Nichon Ni Froid
  • Johnny L’Amour
  • Lhassa
  • 3.0
  • On Se Tâte La Bigotte
  • Liberté
LE PEUPLE DE L’HERBE TOUJOURS COSTAUDS !

Après la folie furieuse de Picon Mon Amour, c’est au tour du Peuple De L’Herbe de fouler les planches des Voix Sonneuses. Jusqu’ici, la pluie n’est pas revenue et tout le monde croise les doigts pour que ça dure…

Avec ses 27 ans au compteur, Le Peuple De L’Herbe est une véritable institution dans l’hexagone avec sa musique hip hop qui va piocher dans de nombreuses sonorités. Malgré pas mal de changements de line up les années précédentes (les départs de Sir Jean et DJ Pee), le groupe s’est enfin stabilisé vers 2017/2018 avec l’arrivée d’un MC de New York exilé en France, Oddateee (High Tone, Dälek) qui a apporté énormément de sang neuf à la formation lyonnaise. Ainsi, le groupe a sorti récemment 10, son nouvel album suite au très bon After Dusk de 2020 et continue encore et toujours à arpenter toutes les scènes de France et de Navarre.

Dès son entrée sur scène au son d’une intro enchaînée avec « Images », les spectateurs retrouvent en un instant l’énergie fédératrice propre au Peuple De L’Herbe. Qui plus est le « nouveau » chanteur Oddateee, que beaucoup découvre pour la première fois en live ce soir est une véritable pile électrique montée sur ressorts tant l’homme est partout. En effet, il arpente la scène, joue avec le public et se donne à fond derrière le micro. On sent que son arrivée au sein du groupe a fait du bien tant les lyonnais font une entame fracassante au travers de titres comme « Hear Me Now », « I’m Asking » ou « Fit To Spit ». Le groupe s’est déjà mis le public dans la poche et ce dernier bouge comme un seul homme dans le pit. On se croirait revenu au bon vieux temps, plus de 20 ans en arrière !

Il faut dire que l’apport du style new-yorkais de Oddateee au côté du style so british de JC 001, apporte énormément de plus-value au set du Peuple De L’Herbe. Les deux chanteurs se complètent à merveille et cette dynamique-là est le véritable fil conducteur de ce concert quasi exclusivement basé sur les trois derniers albums Stay Tuned, After Dusk et 10. Ainsi, le groupe va bien entendu mettre à l’honneur le dernier méfait en date avec notamment « I’m Asking », « Spaceman » ou « No Fear I’m Walking ». Comme on pouvait légitimement s’y attendre, ces nouveaux titres sont bien accueillis par le public et certains fans en connaissant déjà les paroles par cœur !

En fin de comptes, après plus de 25 ans de carrière et un line up qui a beaucoup évolué depuis tout ce temps, Le Peuple De L’Herbe est toujours présent et a encore beaucoup d’énergie à revendre. Cette formation-là, avec JC 001 et Oddateee pour se partager le chant, renoue avec la fougue d’antan mais avec une solide expérience en plus. Le Peuple De L’Herbe est toujours là et il semble plus acéré que jamais. Qu’on se le dise !

Setlist Le Peuple De L’Herbe

  • Intro/Images
  • Hear Me Now
  • I’m Asking
  • Fit To Spit
  • Abuse
  • Seconds
  • No Fear I’m Walking
  • Wrong
  • Mad Messiah
  • Spaceman
  • Channel
  • We Are Many
  • Bullride
  • Gumzilla
  • Not Me
  • One Eye View
  • All Eyes
SEGRENT GARCIA :  ¡ QUE CALIENTE !

Après la déferlante du Peuple De L’Herbe, c’est au tour de Sergent Garcia de se préparer à monter sur scène. Malheureusement, cette montée sur les planches s’accompagne d’une grosse pluie qui oblige le public à sortir les k-ways pour se préparer à un set mouillé. Cependant, la bonne humeur au sein des spectateurs n’est pas émoussée et tout le monde attend avec impatience l’arrivée du groupe.

En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, le Sergent Garcia (Bruno Garcia, qui est aussi le guitariste de Ludwig Von 88) arrive sur scène sous les applaudissements avec ses musiciens pour entamer un « Llevale Mi Canto » qui fait résonner une musique aux accents salsa. Ici aussi, les festivaliers sont tous acquis à la cause de la formation tant et si bien que des petits groupes de danseurs/danseuses se mettent en place ici et là au sein de la Place du Champs de Mars. Visiblement heureux d’être là, Bruno explique que ce concert va être l’occasion pour les musiciens de faire un large tour d’horizon de la carrière de Sergent Garcia depuis 1997.

Et le moins que l’on puisse dire c’est que les morceaux de la setlist vont en effet faire la part belle à la discographie d’antan de Sergent Garcia puisque ce dernier va sortir des de derrière les fagots pas mal de vieux titres de l’ère Un Poquito Quema’o comme « Acabar Mal» ou « Amor Pa’ Mi » qui font plaisir à entendre, aux côtés de compositions plus récentes à l’instar de « Cuando Salga El Sol  » qui sont dans le plus pur style Salsamuffin du groupe. Bref, on n’est pas dépaysé !

Sur scène, l’énergie bat son plein avec un Bruno en pleine forme (il chante, danse, communique beaucoup) et des musiciens redoutables. Ainsi, la section des cuivres et le second chanteur sont particulièrement efficaces (« Tumbao Si Yo Lego»). Derrière, la batterie et des percussions mettent en place pas mal de rythmes latinos différents et donnent à l’ensemble une saveur d’Amérique du Sud particulièrement racée (« Yo Me Voy Pa’La Cumbia​ »). On sent que Sergent Garcia s’amuse beaucoup sur scène tant il prend plaisir à ce qu’il fait et il est intéressant de voir que l’artiste n’est pas « que » le guitariste punk à trois accords de Ludwig Von 88, mais aussi un musicien à part entière avec un univers très riche…

En l’espace d’environ 1h20, le groupe a fait un tour d’horizon quasi exhaustif de sa discographie des débuts avec une énergie de tous les instants et très communicative. Pour le rappel, sous le feu d’artifice lancé par le festival, Sergent Garcia clôt son set de la plus belle des manières avec « Oye Mi Bomba​ » et le sautillant « Jumpi ». Quelle classe. Après cette parenthèse enchantée, les festivaliers se rendront compte plus tard que la pluie s’était arrêtée en cours de set. Personne n’y avait fait attention tant ce concert-là avait quelque chose de quasi hypnotique. Viva el Sargento !

Setlist Sergent Garcia

  • Llevale Mi Canto
  • Long Time
  • Adelita
  • Acabar Mal
  • Tumbao Si Yo Lego
  • Mani
  • Cuando Salga El Sol
  • Yo Me Voy Pa’La Cumbia
  • Medley El Baile De Diablo / Afro-Cuban Orishas Underground / No Me Digas / Chacun Son Combat / En Este Mundo De Locos
  • Medecine Man
  • Acho Bai Bai
  • Yo Soy Salsamuffin
  • Amor Pa’ Mi
  • Oye Mi Bomba
  • Jumpi
LA P’TITE FUMÉE, LE RETOUR DES FILS PRODIGUES

Il est déjà bien tard lorsque intervient le changement de plateau entre Sergent Garcia et La P ‘tite Fumée mais le public de Saverdun est encore chaud et particulièrement motivé à en découdre avec le dernier groupe de ce soir. Il faut dire que les musiciens de La P’tite Fumée sont les locaux de l’étape et qu’ici, les Ariégeois ont une solide fanbase. Ainsi, malgré le retard accumulé dans la préparation de la scène suite à des petits soucis logistiques, les festivaliers sont toujours autant motivés, même si l’impatience se fait ressentir chez certains d’entre eux.

Quelques (longues) minutes plus tard, La P’tite Fumée entre enfin sur scène sous les acclamations du public. Son public. En effet, ici en Ariège, le groupe est très suivi et le fait de jouer à domicile pour clore cette édition 2024 des Voix Sonneuses était très attendu par beaucoup de monde, notamment suite à l’annonce récente d’une tournée pour promouvoir l’album We Are The Machine (Re : Coded).

Comme à son habitude, le groupe entre en scène de manière très visuelle avec un jeu de lumières et de fumée subtilement combinés de façon à parfaitement souligner l’univers de La P’tite Fumée. En l’espace de quelques secondes, le public jette ses dernières forces pour tout donner. Le pit s’embrase vite au son instrumental puissant de la formation de Chand Lpf qui prend aux tripes.

Il faut dire que sur les planches les musiciens se donnent sans compter et arpentent chaque mètre carré de scène pour insuffler à leur musique énergique… encore plus d’énergie ! Et le moins que l’on puisse dire c’est que ça fonctionne plutôt bien au travers de titres bien ficelés et accrocheurs comme « Psyphonik », « Cube » ou « W.A.T.M. » où se côtoie gros son à la sauce cyberpunk et instruments à vent (didgeridoo, flûte traversière, …).

Au bout d’une grosse heure de concert durant laquelle La P’tite Fumée a mis en place un concert d’une rare intensité et finement ciselé, le groupe sortira de scène sous les ovations du public de Saverdun, encore aux anges. Il n’en fallait pas moins pour clore le festival de la plus belle des manières…

Setlist La P’tite Fumée

  • Intro
  • W.A.T.M.
  • Cypher
  • Psyphonic
  • Lullaby
  • Thoda
  • Apocalyptus
  • Drum solo
  • Thunderbreizh
  • Manuia 2.0
  • Oasis
  • Cube
  • El Bandido
  • Fireflies
  • Glory Owl
  • Element/Laniakea
  • Hyperion
  • Missive
  • Goblin / Tribou
  • Outro

Après deux jours de folie, le festival Les Voix Sonneuses peut s’enorgueillir d’avoir réussi encore une fois son pari au travers d’une programmation de qualité et une organisation aux petites oignons portées par Frédéric Coux et son équipe de professionnels et de bénévoles. Le plus grand des petits festivals n’a jamais aussi porté son nom et on espère qu’il arrivera à se développer encore plus sans jamais perdre son esprit familial et sa bon humeur.

À l’année prochaine !

Si ce live report du concert du jour 2 du Festival Les Voix Sonneuses à Saverdun vous a plu, retrouvez nos autres live reports ici !

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