C’était l’événement à ne pas rater de la rentrée 2021, et votre média préféré y était ! Le Global Citizen Live a réuni à Paris une brochette alléchante de stars pour lutter contre le changement climatique, la faim et la pandémie.
Il est 15h30 et la musique se fait déjà entendre sur le Champ de Mars. Les portes n’ouvrent pas avant 16h pour le contrôle du pass sanitaire, mais deux files impressionnantes de plus de 500m s’étirent déjà devant les entrées aux pieds de la Tour Eiffel. Pas de doute, les 20.000 personnes attendues sont au rendez-vous pour ce premier gros festival sur Paris depuis 2 ans ! Initialement prévu en 2020 pour les 5 ans de l’accord de Paris, le concert a dû être décalé d’une année, et la lutte contre la pandémie s’est ajoutée à l’agenda qui portait déjà sur la lutte contre la pauvreté et le réchauffement climatique. Rappelons que les spectateurs ont gagné leurs billets en récompenses d’actions concrètes sur la plateforme Global Citizen.
Vérifications sanitaires faites, j’entre sur le site au son de la musique de Beyonce. La foule envahit petit à petit la pelouse, qui a été répartie en 3 zones : les « VVIP » au plus proche de la scène, les journalistes et VIP au milieu, et le gros du public qui doit se contenter de suivre sur écran géant la prestation des artistes situés à plus de 200m de là.
17h30. Denis Brogniart, l’emblématique animateur de TF1, entre sur scène et lance le show accompagné de Priyanka Chopra, ancienne miss Monde, star de Bollywood et surtout ambassadrice de Global Citizen. Un duo un peu surréaliste : ne parlant pas français, la star ne comprend pas toujours ce que dit l’animateur, ce qui donne des moments étonnants, comme quand après que Denis ait parlé des inondations, du Covid et des incendies, Priyanka relance en anglais par « et sur cette magnifique note, Elton John ‘ ».
Après une courte introduction, le couple d’animateur laisse la place à la Maire de Paris Anne Hidalgo, qui en tant qu’hôte vient souhaiter la bienvenue au public et rappeler l’urgence écologique à laquelle le monde fait face. Son apparition est saluée par des huées et des sifflets. On savait les acteurs de Global Citizen peu cléments avec la force politique, cela se confirme !
18h, il est temps de laisser place à la musique. C’est au DJ français Aazard que revient la lourde tâche de faire monter l’ambiance. Les 20 minutes de son set ont le mérite de lancer les hostilités, mais me laissent assez indifférent je dois admettre.
Un concert classique pré-enregistré en Italie est diffusé le temps que le grand, le magistral sir Elton John s’installe. C’est une vraie chance pour nous, car sa tournée française a été décalée à 2023 suite à une chute et une blessure à la hanche cet été. Le Global Citizen Live Paris sera donc son unique apparition française avant un moment ! Il ne décollera d’ailleurs pas de son piano pour les 4 chansons qu’il interprétera. Pas de photos autres qu’officielles malheureusement, car l’artiste contrôle son image et n’a autorisé que son photographe. Elton John nous gratifie de ses 3 plus grands classiques, ainsi qu’un inédit de son dernier album, pour lequel Charly Puth vient l’accompagner aux synthés.
La setlist:
- Tiny Dancer
- This Is Your Song
- After All (avec Charly Puth)
- Rocket Man
Le Global Citizen Live Paris, c’est de la musique, mais aussi des interpellations politiques. Priyanka Chopra se lance dans un vibrant plaidoyer pour que l’Europe donne le milliard de doses de vaccins promises à l’Afrique, et incite les laboratoires à lever les droits de propriétés intellectuels sur les vaccins pour en diminuer les coûts. Suit un appel aux Etats-Unis pour qu’ils augmentent leur contribution.
C’est au tour d’Ursula von der Leyen d’entrer en scène. Dans un français impeccable, la présidente de la Commission Européenne annonce 140 millions d’euros de contribution au fond d’aide alimentaire et de 25 millions de dons à Education Cannot Wait. Après un appel aux dons des plus riches pour soutenir la transition verte, elle conclue par ces mots : « il faut avoir du coeur et du courage pour changer le monde« .
La musique revient, et c’est la star béninoise et ambassadrice de bonne volonté de l’ONU Angélique Kidjo qui monte sur scène. Elle se déhanche pour notre plus grand plaisir au son des djembés sur Mother Nature , avant d’être rejointe par le grand trompettiste de jazz Ibrahim Maalouf. Ils invitent le public à chanter avec eux. C’est festif, c’est dansant, on vibre et on s’amuse ensemble. Et putain que ça avait manqué !
Les interventions politiques reprennent, cette fois pour insister sur l’importance du droit des femmes à disposer de leur corps et du problème encore prégnant de l’excision. Puis c’est Cisco, un des partenaires du festival, qui vient se congratuler de contribuer de 100 millions de dollars sur 10 ans à la campagne Race to Zero des Nations Unies. Je ne peux m’empêcher à ce moment de penser à l’ironie d’un concert pour sauver la planète qui a fait se déplacer en avion des dizaines d’artistes pour des sets de 30 minutes…
Mais trêve de cynisme, la soprano égyptienne Fatma Said, également ambassadrice d’Opera for Peace, monte sur scène. Très émue, elle nous invite à imaginer un monde idéal dans une magnifique reprise de Imagine de John Lennon, avant de laisser la place à la troupe de danse française de Lemonade. La troupe remarquée dans La France a un Incroyable Talent nous offre une prestation magnifique, sur une musique malheureusement un peu trop insipide pour moi.
Anne Hidalgo revient ensuite – et se fait à nouveau huer – présenter 3 engagements de Paris pour améliorer l’habitat : le recensement des logements insalubres, la rénovation de 5000 logements sociaux par an, et la plantation de 170 000 arbres d’ici 2026. La création de 300 îlots de fraicheur est également annoncée, et d’autres annonces similaires d’autres grandes municipalités et états dans le monde (Etats-Unis, Brésil, Norvège, etc) sont diffusées sur les écrans géants.
C’est maintenant au tour des Black Eyed Peas – sans Fergie depuis 2015 – de mettre le feu au Global Citizen Live Paris. Le groupe a beau se démener sur Let’s Get It Started, on sent que l’énergie d’il y a 20 ans a du mal à refaire surface. Un Will.I.am ravi d’être de retour à Paris après 2 ans d’absence nous harangue avant de lancer Pump It. Ca commence à s’agiter dans la foule, et Hit it continue de faire monter la sauce. S’enchaînent encore Ritmo, leur reprise inspirée de Rythm of the Night, et Girl Like Me. Puis vient Where is The Love, et une forêt de téléphones fait irruption sur le Champ de Mars. Enfin, l’éternel I Got a Feeling met tout le monde d’accord et rappelle que les Black Eyed Peas sont encore là et bien là.
Je rate ensuite quelques discours politiques, car il faut bien manger ! Saluons au passage la qualité de la restauration sur place et le dispositif de nettoyage. Entre poubelles partout et escouade de propreté reconnaissable à leur tenue rose fluo, le festival avait mis le paquet pour laisser le terrain en bon état et être exemplaire sur la gestion des déchets. Plus anecdotique, le Global Citizen Live Paris a fait un geste aussi en s’engageant à replanter dans Paris les nombreuses compositions florales et plantes qui décoraient la scène et les abords du parc.
Je reviens juste à temps pour entendre Christine and the Queens entamer un SOS d’un terrien en détresse, dont les échos rebondissent à la nuit tombée dans les allées du Champ de Mars. Chris, costume noir et gant unique rouge, est accompagnée d’une dizaine de choristes alignés sur scène et entre lesquels elle se déplace. Nous aurons droit à 5 titres de la chanteuse, la plupart des hits: People I’ve Been Sad, I Am Tilted, Doesn’t Matter, et pour finir une reprise du Freedom de Georges Michael sur laquelle les choristes prennent tout leur sens. C’est beau, c’est émouvant, mais force est d’admettre que ça n’a pas autant la pêche que les Black Eyed Peas.
Heureusement, Måneskin est là pour réchauffer l’ambiance. Ca démarre très fort d’entrée de jeu avec I wanna be your slave, le tout dernier single du groupe. Les quatre italiens mettent le feu avec leur jeu de scène. Mention spéciale à Victoria de Angelis qui sautille et court partout avec sa basse à la manière d’un Angus Young au féminin. Le show est groovy, sexy, et les titres passent sans qu’on s’en aperçoive. Bury a Friend, la reprise de Billy Eilish (qui était pour sa part présente sur scène au Global Citizen Live à New York) laisse la place à For Your Love, à la très grosse reprise Beggin, et pour finir Zitti e buoni, le titre qui a fait gagner l’Eurovision 2021 aux italiens. 30 minutes se sont écoulées, et on en aurait volontiers repris plus.
Un petit moment de grâce nous est offert après cette tornade. Alors qu’un ballon géant en forme de globe terrestre progresse au dessus du Champ de Mars, Kerry-Gladys Ntirampeba, la championne nationale burundaise de slam poésie, vient seule sur la scène offrir aux parisiens un poème.
Je passe ensuite mon chemin pour Doja Cat. La star de la pop et « Internet weirdo » comme l’a qualifiée le magazine américain Billboard, nous gratifie de 6 titres qu’elle interprète en dansant comme à son habitude, dans une tenue qui fait plaisir aux yeux.
La setlist:
- Rules
- Juicy
- Like That
- Kiss Me More
- Tia Tamera
- Need to Know
Vient le tour de Yann Arthus Bertrand de monter sur scène. Le photographe, connu pour son travail de photographie aérienne et témoin privilégie des désastres écologiques, vient nous rappeler l’urgence d’agir et compléter les nombreux appels aux dons et à l’action qui ont émaillé la soirée.
Enfin, Ed Sheeran vient clôturer ce concert exceptionnel. Là encore, les classiques ont la part belle. L’artiste entame avec Shivers, son tout dernier single tout juste sorti. Il poursuit tout en émotion avec Thinking Out Loud en guitare-voix. Puis Bloodstream et Perfect s’enchaînent, avant le tube interplanétaire que tout le monde attendait : Shape of You. Le public reprend en choeur les paroles avec lui, et vient déjà l’heure de se séparer. Mais avant, Ed Sheeran nous lance un dernier Bad Habits, qui comme un clin d’oeil vient clôturer cette soirée dédiée à la protection de la planète et la dénonciation de nos abus.
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