Au sein d’un pays plus que divisé, le groupe punk britannique IDLES est venu nous chanter notre unité en tant qu’être humain.

En 2019 à Fourvière, un groupe qui venait de sortir le maintenant culte Joy as an Act of Resistance s’apprêtait à retourner l’arène romaine. La pluie a failli faire capoter le concert mais la détermination des cinq anglais nous a offert un moment mémorable. Les souvenirs d’un déluge climatique et musical gravé dans nos esprits, nos attentes étaient hautes pour le retour d’Idles dans le théâtre antique. 

Entre-temps, des guerres et des génocides dans le monde, une montée des idées et des partis réactionnaires en Europe. La France, perméable aux alentours, se retrouve alors dans une nouvelle élection législative divisant brutalement le peuple. C’est dans ce contexte suffocant qu’Idles se retrouvent ce vendredi 5 juillet. Deux jours avant les résultats d’une élection qui pourrait faire basculer le pays.

SIAMO TUTTI ANTIFASCISTI

Pour lancer les festivités, c’est Bandit Bandit qui lâcha ses plus beaux riffs et pas de danse. Ce groupe de rock lyonnais s’est fait remarquer dernièrement par leur apparition sur Quotidien et France Inter, et n’on n’a pas manqué d’impressionner le public.

La brutalité sonore a fait ressortir toute la colère et la tristesse des paroles de Bandit Bandit. Sur scène, les membres du groupe étaient en parfaites cohésions pour nous faire bouger. Dans leur propre ville, Maeva Nicolas et Hugo Herleman ont communié leur dynamique musicale. Une énergie qui prit un degré de plus car la chanteuse demanda « Vous avez vu ce qui se passe en France ? » et enchaina avec force « Il y a des p*t**ns de fachos ! ». 

Si la musique ne les avait pas encore réveillés, ce court discours en réveilla certains et certaines. La musique n’en devint que plus puissante, notamment sur les déchainés Point de suture, Toxique Exit ou Maux. Faisant enfin ressortir une colère et frustration commune depuis les résultats terrifiants de l’extrême-droite française au premier tour des élections législative.

Avec élégance et style, Bandit Bandit nous a servi une entrée déchainée et férocement politique. En somme, tout ce qu’il nous fallait pour rentrer en fusion avec le carnage britannique à venir.

TOUT LE MONDE DETESTE LE PEN

Pendant l’attente, au milieu de la fosse, quelques cris de révolte ont commencé. Entre l’hymne antifasciste italien : « Siamo Tutti Antifascisti » ou la reprise du refrain des Bérurier Noir : « La Jeunesse emmerde le Front National ». Le public en communion, exprimait déjà leur inquiétude à travers divers mélodies. 

C’est par quelques notes en boucle qu’Idles arriva sur scène avec IDEA 01. Imposant une atmosphère sombre et distordue comme avant un orage. La mélancolie se transforma petit à petit en véritable énergie, bouillonnante dans le public, lors du mythique Colossus. Une fois l’arrivée du tonnerre, il n’y a eu plus aucune pause. 

Les pogos et crowdsurfs ont fusé de partout dans la fosse, que ce soit sur les titres du premier ou du dernier album. Gift Horse nous a fait danser, Mr Motivator danser, Mother crier. Même sans la pluie de leur première fois à Fourvière, le déluge est arrivé avec Car Crash, Gratitude ou encore Benzocaine.

Si nos corps n’étaient pas déjà bousculés, troublé et transporté par la musique. Nos esprits enragés ont retenti avant l’explosif Divide & Conquer quand Joe Talbot nous lança avec son meilleur accent « Nique. Le. Pen. » que le public repris joyeusement en cœur.

Juste pour que vous le sachiez. Ce que vous venez de chanter, c’est le son de l’amour, c’est le son de l’empathie, c’est le son de l’humanité. On b**se les fascistes qui essaient de nous faire peur. Chacun d’entre nous.

  • Joe Talbot
LOVE IS THE FING

Comme quoi l’art peut réunir et expier nos plus grandes angoisses. Le théâtre antique fut le lieu d’une communion antifasciste où la rage et l’aigreur pris forme d’une grande danse brutale mais conviviale. La suite du concert n’en fut que plus mémorable. 

Enchainant les classiques, le titre Danny Nedelko a été un grand moment d’amour destiné à nos amis immigrés. Jouant ce morceau évocateur en ces temps troubles et écœurant, IDLES rajouta leur force politique en changeant les paroles en disant « mon meilleur ami est palestinien ». Une des nombreuses fois où ils ne cesseront de rappeler leur humanité face à un génocide perpétré pas si loin de chez nous.

Allier ferveur politique, vitalité musicale et une touchante exaltation, Idles l’a fait. Ont-ils fait mieux que leur première apparition sur cette scène ? Ils ont simplement perfectionné leur art en gardant la même ligne directrice : aimons-nous peu importe nos différences. L’amour est la chose. L’amour est tout.

Setlist : 

  1. IDEA 01
  2. Colossus
  3. Gift Horse
  4. Mr. Motivator
  5. Mother
  6. Car Crash
  7. The Wheel
  8. Jungle
  9. When the Lights Come On
  10. Benzocaine
  11. Gratitude
  12. Divide and Conquer
  13. POP POP POP
  14. Samaritans
  15. Crawl!
  16. The Beachland Ballroom
  17. Never Fight A Man With A Perm
  18. Dancer
  19. Danny Nedelko
  20. Rotweiller

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