Live reports | Jo Dahan à la Halle de la Machine de Toulouse

SOIRÉE HALL NIGHT LONG : JO DAHAN

Increvable, inoxydable, indéboulonnable Jo Dahan ! Après le split de la Mano Negra au milieu des années 1990, l’ex-bassiste émérite de ce fer de lance du rock alternatif français a continué son petit bonhomme de chemin et s’est retrouvé au sein de nombreuses formations comme Les Wampas, Les Patron$ et a même accompagné Gaëtan Roussel. Parallèlement à tout ça, Jo Dahan collabore activement avec l’équipe du Groland ainsi qu’avec la compagnie Royal Deluxe tout en menant de front sa propre carrière solo. Fort d’un second album dans sa besace, Injoignable, sorti en avril dernier, l’homme à la casquette enchaîne les dates partout en France et (re)vient poser ses amplis à Toulouse à la Halle de la Machine dans le cadre de soirées Hall Night Long.

La dernière fois que Jo Dahan et ses compères sont passés à Toulouse, c’était le 17 mai dernier dans au bar concert du Gai Pêcheur et le groupe avait réussi à rameuter pas mal de monde pour un concert très accrocheur. En ce samedi 12 août, le public a répondu présent pour se retrouver sur le devant de la scène extérieure de la Halle de la Machine avec le minotaure géant en arrière-plan. Qui plus est, toute l’équipe de la Halle a mis les petits plats dans les grands pour attirer le chaland sur le parvis du lieu : food-truck, buvettes, petits spectacles improvisés (comme un passage à la tyrolienne à une dizaine de mètres de hauteur pour asperger les gens de mousse ou un concert de flammes) et bonne ambiance sous une chaleur de plomb. Bref, toutes les conditions sont réunies pour que Jo Dahan et son Gonzo Club (Joseph Cartigny à la batterie / chant et Tommy Haullard aux claviers / chant) mettent à nouveau le feu aux poudres.

COMME PAPA DANS MAMAN !

C’est à 20 heures pétantes que le trio arrive sur scène sur « Shuffle », une petite intro instrumentale qui a le mérite d’attirer l’oreille du public timide, encore loin des abords de la scène. Mais très vite, Jo Dahan et les siens sortent l’artillerie lourde pour faire venir les spectateurs à eux avec l’excellent « C’est Un Bon Signe » issu de l’album Injoignable. Ce rock endiablé aux mélodies bien ciselées permet à l’audience de faire un grand pas en avant et de se rapprocher des musiciens.

À partir de là, tout se passe comme sur des roulettes et le trio déroule « tranquillement » son set en alternant anciens titres qui passent bien à l’instar de « Je Donne Ma Langue Aux Anglais (I Love You) », « C’était Mieux Avant » ou de l’excellent « Silence Please » avec des morceaux du dernier disque comme « J’Arrive », « Comme Bach » ou « Amitiés Guerrières », le tout ponctué des reprises de Robert Parker (« Let’s Go Baby (Where The Action Is) ») et de The Reactors (« Stomp »). Devant la scène, une bonne partie du public se met à danser, le sourire aux lèvres et quelques valses s’improvisent sur « La Rue De Belleville » ou « Saphyr ». Bref, Jo Dahan s’est mis le parvis de La Halle de la Machine dans la poche, si bien que l’audience répond à la moindre de ses sollicitations !

Sur les planches, le trio est redoutable d’efficacité. Ainsi, pendant que l’ex-Mano Negra focalise toutes les attentions, la section rythmique tenue de mains de maîtres par Joseph et Tommy est hallucinante de précision et de peps. En effet, les deux jeunes musiciens ne sont jamais pris en défaut et font montre d’une technique à tomber parterre aussi bien dans le jeu de batterie subtil mais percutant qu’au niveau des claviers. À ce titre, Tommy Haullard réussit le tour de force à reproduire les parties de basse composées par Jo Dahan sur son synthétiseur (un Moog ?) avec sa main gauche et de laisser libre court à des mélodies accrocheuses avec sa main droite sur son Nord Electro 6. La grande classe ! Qui plus est le bougre n’hésite pas prendre la gratte sur « Saphyr » pour laisser exploser son incroyable potentiel pendant que Jo s’empare du micro. Le moins que l’on puisse dire c’est que l’ami Dahan a eu du nez en choisissant ces deux fines gâchettes !

MUSIQUE ET THÉÂTRE DE RUE…

Alors que le groupe s’apprête à attaquer le costaud « Gonzo », un morceau / impro de rock aux teintes électro qui se construit en fonction du retour du public et des envies des musiciens, l’ampli de Jo cesse de fonctionner ! Du coup, pendant que l’homme cherche à rallumer la bête et vérifie les branchements pendant de longues minutes, la paire Joseph Cartigny / Tommy Haullard tient bien la baraque avec un son accrocheur et une excellente dynamique qui groove. Même si la majorité du public s’aperçoit que l’ampli a rendu l’âme, il continue à danser sur ce titre aux multiples facettes musicales. Et ce sera aussi le cas, lorsque le batteur sera seul à jouer pendant que Tommy donne un coup de main à son leader. Après plusieurs tentatives de branchements / débranchements / re-branchements infructueuses, Jo Dahan jouera de la guitare sans ampli avec son micro de chant placé au niveau des cordes de la gratte… On n’entend pas grand-chose (pour ainsi dire rien du tout), mais l’homme se donne à fond pour la plus grande joie de la Halle de la Machine. Rôdé aux spectacles de théâtre de rue, Jo Dahan ne se démonte pas pour autant et après s’être pris la sangle de la guitare dans son pied de micro (un véritable sketch…), il s’en va jouer sur le tom bass de batterie de Joseph Cartigny avant de faire une impro sur le clavier de Tommy (« en Fa# »). Après plusieurs minutes de mélodies prenantes et d’improvisation en tous genres, le sieur Dahan branche sa guitare sur un autre ampli et remet le couvert sur ce « Gonzo » à grand coup de riffs ravageurs et de petites mélodies bien senties. Comme il le disait quelques heures auparavant dans le cadre de notre interview, l’interactivité avec le public est une chose que Jo Dahan adore et maîtrise à merveille. C’est pour cela que le musicien a su reprendre à son compte les problèmes techniques rencontrés sur ce titre pour en faire l’un (le ?) temps fort de ce concert ! Chapeau, l’artiste…

Petite cerise sur le gâteau, le vieux roublard Manu Casquette avec qui Jo Dahan jouait dans le métro au sein des Casse-Pieds avant de rentrer dans la Mano Negra, monte sur scène pour chanter le terrible « Darling, Darling » qu’il a lui-même écrit pendant ses vertes années. Tout comme Jo, Manu Casquette est issu du spectacle de rue et n’a aucun mal à faire participer le public sur ce titre classique. Pour l’occasion, le groupe prendra un malin plaisir à le rallonger et à le remodeler en fonction des réactions des spectateurs… Un grand moment pour clore de main de maître ce set haut en couleur !

Au final, malgré quelques petits problèmes d’ampli en fin de concert, Jo Dahan et le Gonzo Club a su mettre en place une bonne dynamique au travers de son concert pour capter l’attention du public. En alternant habilement le rock sulfureux avec quelques pointes d’électro et la chanson française, le trio a réussi à se mettre dans la poche le public de la Halle de la Machine et a (encore une fois) prouvé qu’il était un véritable groupe de scène très friand d’interactivité. Vivement que Jo Dahan et les siens reviennent dans nos contrées pour repasser une nouvelle couche ! Quoiqu’il en soit, avec la prestation de ce soir, il nous tarde de pouvoir nous mettre dans les oreilles ce nouvel album prévu pour le courant 2024…

Setlist :