A côté de moi, un vieux monsieur de 97 ans. Un peu plus loin sur ma gauche, une petite fille de 7 ans juchée sur les épaules de son père. Et tout autour de moi, des gens de tous horizons. Pas de doute : je suis bien au concert de La Rue Ketanou au Cabaret Sauvage.
« Attends que la fête reprenne, tu vas voir comme on est vivant » : les paroles de Attends résonnent d’un écho particulier ce soir. Car ils se sont fait attendre, ces moments ! Grâce à un contrôle strict des pass sanitaires, on peut voir les sourires sur les visages du public qui est venu en masse voir La Rue Ketanou dans un Cabaret Sauvage qui annonce complet depuis plusieurs semaines.
Matjé
Alors que la salle est pleine aux deux-tiers, Matjé ouvre le show avec son rap-reggae poétique. Le choix de la première partie est plutôt bien trouvé, car son univers rejoint celui de La Rue Ketanou. Le texte possède la qualité rythmique et le jeu des sonorités propre au rap, et la poésie des paroles complète la musicalité des mélodies pour créer un ensemble à la fois festif et poétique.
Matjé (« écrire » en créole) s’inspire beaucoup des musiques du monde, notamment la musique africaine et les sonorités caribéennes. Et ça fonctionne : le public danse, et reprend en chœur les refrains entêtants (« Mada m’a dit, Mada m’a dit« …) du groupe. Charles Giraud sort sa kora et nous emmène en Afrique. L’instrument est à mi-chemin entre la guitare et la harpe et a des sonorités proche du sithare. Après un solo envoûtant, Tout s’en va démarre et annonce la fin du set.
Une jolie découverte donc que ce groupe dont la musique nous évoque des images et des couleurs africaines. Un groupe fait pour se déhancher au son de la musique live !
La Rue Ketanou
« On commence ensemble, on finira peut-être ensemble« . A peine monté sur scène, Olivier donne le ton de la soirée : chaleur humaine, partage, et fête. Il nous invite à faire connaissance avec nos voisins pour que ce concert soit vécu comme une grande fête entre potes. Le concert démarre paisiblement avec les trois premiers titres, Soldat Raval en tête. L’ambiance monte tranquillement dans le public, qui reprend en choeur le refrain de Je mentirais et La divorcée.
Pour chauffer un peu tout ça, La Rue Ketanou invite la scène du Cabaret Sauvage leur « manage-moureuse » Stéphanie de Freitas qui les suit depuis plus de quinze ans. Elle nous concocte une chorégraphie digne de la Macarena pour accompagner Chikungunya. « Pikali, li, li, Pika-ou, ou, ou » : le public se prend au jeu et monte le doigt en rythme dans un joyeux bordel.
C’est au tour de Mehdi, jeune artiste du émergent du Théâtre du Fil, de s’avancer sur scène sous l’oeil attentif et bienveillant de Mourad. Passé le stress des premiers instants, il prend rapidement possession de la scène et nous livre un rap énergique qu’il chante avec toute son âme. Qu’on aime ou pas le rap, on ne peut pas rester indifférent devant cet artiste qui est indéniablement bourré de talent.
C’est l’heure du pogo sur Les Cigales ! Le public a manifestement envie de bouger et l’ambiance explose. « On est prêts pour le Hellfest ! » nous lance un Olivier ravi de voir son public bouger.
Les membres de La Rue Ketanou ne sont pas venus seuls ce soir. Ils invitent Love Cluster à monter sur scène pour interpréter un titre qui donne mal à la bouche : Chez ce cher Serge. « Si vous arrivez à le chanter, vous êtes soit trop bourrés, soit pas assez ! » nous lance Florent avant de jouer. Dire que personne ne savait avant la pandémie ce qu’était un cluster… L’ancien groupe de Mourad avant La Rue Ketanou est manifestement très heureux d’être au Cabaret Sauvage. La joie des retrouvailles et de chanter ensemble est visible, c’est un vrai moment de partage entre copains sur scène. Karim Arab accompagnera d’ailleurs à la guitare le groupe sur la fin du set.
Copains encore, quand deux chansons plus tard c’est Fanch qui se voit offrir la scène pour 2 chansons. Là encore, une jolie plume et des textes humoristiques, dans un style qui évoque un peu un Brassens moderne. Leur grand copain de 20 ans arrive à se mettre la salle dans la poche en jouant avec le public. Puis Les hommes que j’aime conclue l’hommage aux copains, qui sera décidément le thème de la soirée. Entretemps, Pierrot, le D’Artagnan du groupe, nous a montré qu’il n’est pas bon que à l’accordéon, en donnant de la voix sur Capitaine.
La fin du concert approche petit à petit. Mourad nous propose un moment d’émotion lorsqu’il nous propose une Almarita revisitée dans la langue de son père. L’occasion pour lui de rendre hommage à son pays d’origine et de revisiter un des grands classiques du groupe. Le set finit en explosion sur Tu parles trop sur lequel le public se déchaîne en sautant dans tous les sens.
Le rappel est l’occasion pour La Rue Ketanou de nous faire découvrir en live 3 de leur quatre nouvelles chansons sorties sur leur album live A cru. Et comme le public est décidément chaud ce soir, le groupe nous gratifie d’un 2ème rappel imprévu. Florent se prend pour une star de la country américaine et joue un The cuckoo déjanté avec un accent anglais auquel on pourra tous s’identifier !
Amour du texte, jolie plume et mélodies entraînantes : c’était le maître mot d’une belle soirée de concert avec La Rue Ketanou au Cabaret Sauvage !
Setlist
- Soldat Raval
- Impossible
- Je mentirais
- La divorcée
- Chikungunya
- Le jour la nuit
- Mehdi
- Les cigales
- Le beaujolais
- La fiancée de l’eau
- Les hirondelles
- Serge (feat. Love Cluster)
- Capitaine
- Rap’n’roll
- Fanch
- Les hommes que j’aime
- Almarita
- Tu parles trop
Rappel
- Caparica
- Attends
- Les oiseaux
- Les mots
2e rappel
- The cuckoo
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Article co-écrit avec Sandra Combes.