LE BEFORE DES VOIX SONNEUSES 2024
« Le plus grand des petits festivals » refait parler de lui ! En effet, à quatre mois de l’ouverture de la sixième édition du festival ariégeois Les Voix Sonneuses Sud De France qui promet une affiche alléchante (Les $hériff, Les Négresses Vertes, Sergent Garcia, 7 Weeks, Le Peuple De L’Herbe, La P’tite Fumée, …), l’organisation a décidé de frapper un grand coup en ce samedi 9 mars 2024 avec la mise en place du « before » des Voix Sonneuses. À ce titre, Frédéric Coux, le Directeur du festival a invité Fabian Ordonez (le papa de Big Flo et Oli) ainsi que Mirco, un jeune artiste prometteur, au sein de la jolie salle des fêtes de Saverdun pour lancer officiellement sa saison 2024.
Et le moins que l’on puisse dire, c’est que Frédéric Coux a (encore) réussi son coup : le concert est sold-out et près de 500 personnes se sont déplacées pour ce before ambiancé par DJ Rapha. Le public, composé de quidam de tous âges (de 7 à 77 ans – voire même plus), est d’ores et déjà installé sur les fauteuils prévus à cet effet devant la scène et déjà impatient d’écouter en live la musique latine de Fabian Ordonez.
MIRCO, DE L’ÉCOLE DE COMMERCE À LA SCÈNE
Mais pour l’heure c’est à Mirco que revient la lourde charge de lancer les hostilités devant une audience confortablement assise. Inconnu au bataillon par le parterre de Saverdun, le musicien a à cœur de se faire connaître ce soir et de prouver qu’il n’est pas sur les planches par hasard. En effet, son parcours est encore balbutiant mais la volonté de tirer son épingle du jeu est bien présente. Il faut dire que suite à des études de commerce à Toulouse, le jeune homme a décidé de tout envoyer valdinguer en 2022 pour embrasser une véritable carrière d’artiste. Après avoir travaillé toute une année à l’écriture de ses compositions, Mirco a réussi à sortir un tout premier EP, intitulé La Symphonie Des Espoirs, il y a à peine un mois. Cette année 2024 est donc une année charnière pour le jeune artiste qui se doit de défendre son disque sur scène et se faire connaître.
Seul sur les planches sans instrument, autre que le rythme et les sons de sa musique en toile de fond, le jeune homme se présente, lui et son univers, sur l’opener « Ouais C’est Moi ». Distillant une musique à la croisée de la variété, la pop et l’électro urbaine, Mirco (d)étonne par ses textes bien ciselés et son flow incisif. Les morceaux sont quant à eux plutôt bien ficelés au niveau des instrus, ce qui permet au jeune artiste de mettre en relief ses écrits qui abordent pas mal de thèmes personnels et intimistes (« J’Me Sens », « Deux Personnes » ou « Ça Fête »).
IT’S A LONG WAY TO THE TOP…
Et même si l’originalité n’est pas toujours au rendez-vous (on sent parfois planer l’influence de Stromae au-dessus des compositions) et que l’univers de Mirco rappelle parfois celui des locaux d’Incendié Volontaire, force est de constater que l’homme maîtrise son sujet de bout en bout avec un savoir-faire indéniable. En effet, on sent que le chanteur met toutes ses tripes dans ses chansons qui flirtent avec la mélancolie, le doute ou la recherche de soi (« La Grande Sure » ou « La Symphonie des Espoirs » jouée avec sa guitare), ce qui amène pas mal de plus-value à l’ensemble.
En l’espace d’environ 40 minutes, Mirco a donc fait découvrir son univers au public de Saverdun au travers de l’intégralité des 6 titres de son EP avec deux morceaux en bonus (« J’Me Sens » et « Démagogie » qui figureront sur son prochain disque). Petite cerise sur le gâteau, le jeune artiste terminera son set sur une chanson de Charles Aznavour, « Hier Encore ». L’annonce de ce morceau a dû titiller l’oreille de Fabian Ordonez, puisque le bonhomme en est sorti discrètement de sa loge pour se placer en haut des escaliers qui amènent à la scène pour pouvoir entendre la version de Mirco. Conscient de la difficulté de reprendre un tel monument de la chanson française, il a opté pour y rajouter sa patte et son flow, de façon à ne pas se glisser dans le costume trop grand d’Aznavour, le tout sans dénaturer la composition d’origine.
En fin de comptes, le jeune artiste a réussi à se mettre dans la poche le public de Saverdun grâce à sa musique bien structurée et une interprétation personnelle sans faille. Espérons que la carrière de Mirco prenne son envol d’ici peu. En tout cas, force est de constater qu’il a déjà pas mal de cartes en main…
Setlist Mirco
- Ouais C’est Moi
- La Grande Sure
- Baisé Volé
- Démagogie
- Ça Fête
- J’Me Sens
- Deux Personnes
- La Symphonie Des Espoirs
- Hier Encore
FABIAN ORDONEZ : L’ARGENTINE EN ARIÉGE
Après un rapide changement de plateau, c’est maintenant autour de Fabian Ordonez de monter sur les planches de la salle des fêtes de Saverdun. Visiblement heureux d’être là en compagnie du guitariste / arrangeur Alejandro Riquelme et du jeune percussionniste Miguel Fernandez, l’homme salue le public et entame son set tambour battant. Comme on pouvait s’y attendre, très vite, la musique latina d’Ordonez fait mouche. Il faut dire que le musicien possède un énorme capital sympathie tant il est généreux dans ses interprétations.
Ainsi, après « La Historia De Un Amor », l’homme va prendre un plaisir non dissimulé à apporter au public une grande partie de sa culture et de ses influences au travers de nombreux titres comme « Quizas, Quizas, Quizas », « Guantanamera » ou bien reprendre des standards de la chanson française comme « La Javanaise » de Gainsbourg ou « Ô Toulouse » de Nougaro. Inutile de dire que certains spectateurs ont la riche idée de se lever de leurs fauteuils pour aller danser sur le devant de la scène, à la plus grande joie de Fabian Ordonez !
Fraîchement arrivé à Saverdun directement depuis l’Argentine (où « il y a une différence de température de 32° »), le musicien n’pas eu le temps de véritablement trop préparé son set. Ainsi, l’ordre des morceaux de la setlist n’est pas respecté et le daron prend parfois quelques secondes à retrouver les titres sur sa tablette / prompteur ! Mais mine de rien, ce petit côté « à l’arrache » permet de donner beaucoup de saveur à ce concert dans la mesure où on sent toute la fibre artistique de Fabian Ordonez qui préfère partager sa musique plutôt que de construire un set froid. De plus, l’homme communique énormément avec les spectateurs pour présenter les morceaux, les expliquer et parfois les placer sous le prisme de vision de sa propre vie (« La Historia De Un Amor »). Cela permet une invitation au voyage qui fait plaisir…
¡ MUSICA CALIENTE !
Et même si Ordonez prend toute la lumière, derrière lui, les musiciens Alejandro Riquelme et Miguel Fernandez sont de véritables fines gâchettes. À ce titre, Alejandro (qui est aussi le producteur et le directeur du projet de Fabian Ordonez) délivre des parties de guitare remarquables avec quelques envolées à la fois subtiles et puissantes, mais qui dégagent beaucoup d’émotion. Bref, l’homme est loin d’être manchot et son apport dans la musique d’Ordonez est indéniable. En effet, son jeu solide permet au daron de Big Flo & Oli de se concentrer sur le chant, la danse… et faire le show ! Car de show, il en est beaucoup question tant Fabian Ordonez est intenable ! L’artiste est enjoué et n’hésite pas à demander au public de se lever, de danser et de participer activement. L’audience, un peu timide au début, ne se fait pas trop prier pour répondre aux sollicitations du musicien.
Mais toutes les bonnes choses ont une fin. En l’espace d’un peu plus d’une heure et de nombreux morceaux, le trio quitte la scène sous de copieux applaudissements bien mérités. Fabian Ordonez a réussi le tour de force de présenter tout son univers au travers de reprises et de compositions personnelles au fil d’un set hautement intéressant.
Que de chemin parcouru par l’artiste depuis son départ de l’Argentine pour fuir la dictature ! De son arrivée à Toulouse, à la création du Barrio Latino, de la mise en place de son groupe de salsa jusqu’à l’explosion de Big Flo & Oli qui l’ont mis en lumière, l’homme a toujours été bercé par la musique et l’amour des rythmes latins. Ce soir, on a eu un aperçu d’une vie hors norme et des fragments de vie d’un homme pétri de talent et de générosité…
Au final, ce before des Voix Sonneuses a tenu toutes ses promesses au travers d’une soirée musicale très riche. Et même si les univers de Mirco et de Fabian Ordonez sont aux antipodes l’un de l’autre, l’alchimie a bien eu lieu avec un public parfois timide, mais toujours ouvert. Avec une telle soirée, l’ami Frédéric Coux peut dormir sur ses deux oreilles : le festival Les Voix Sonneuses Sud De France semble avoir trouvé son public et est bien parti pour durer ! Chapeau…