Leprous aime décidément bien la France. Après un concert des 20 ans en décembre 2021 et une présence au Hellfest l’an dernier, le groupe nous gratifie d’une nouvelle visite en 2023, avec notamment une étape par la Salle Pleyel. Retour sur ce Aphelion European Tour très réussi !
Kalandra
C’est Kalandra qui a l’honneur de lancer les festivités à 19h. Le groupe norvégien, Katrine Stebekk en tête, nous offre un set mystique et mélancolique, tout à fait approprié pour ouvrir avant Leprous. Une dimension tribale se dégage des quelques chansons que j’ai pu écouter, dans la lignée de Heilung ou de Skald. Les costumes païens et le jeu scénique appuyé de la chanteuse renforcent cette impression. On se laisse porter par les rythmes et les guitares planantes qui envahissent Pleyel… Parfait pour mettre dans l’ambiance d’Aphelion !
Monuments
Changement d’ambiance avec Monuments. Le groupe britannique est là pour casser la baraque, et prend rapidement le contrôle de la scène de la salle Pleyel. Avec quatre albums à son actif, le groupe a de la matière à défendre, et compte bien nous l’envoyer à pleine puissance dans la tronche. Les rythmes sont gras et lourds, teintés de djent et de metalcore. Et ne vous laissez pas surprendre par le look de premier de la classe d’Andy Cizek. Arrivé au micro en 2019, le chanteur déploie une énergie phénoménale et chauffe le public à blanc. Il alterne avec une aisance déconcertante scream, growl et chant clair, sans oublier de sauter et se plier en deux pour hurler sa rage sur scène.
Avec une telle recette, la (petite) fosse aménagée à l’avant de la Salle Pleyel est vite en feu. Dès le 3e titre du set, un wall of death massif sépare la salle en deux quasiment de mur à mur. Au milieu de la fumée qui a envahi la scène, John Browne (guitare) et Adam Swan (basse) envoient la sauce pendant que Mike Malyan déchaîne un flot de beat blasts. Les éclairages de la scène, principalement de dos, renforcent l’impression de violence qui émane du set, si bien que même confortablement assis dans les fauteuils, on ressent la puissance du groupe.
Avant de rendre la Salle Pleyel à Leprous, Andy réclame un nouveau wall of death. Il nous demande d’être « sages, prudents, et de respectueusement [nous] entretuer« . Ce que la fosse s’empresse de faire, avant de sauter dans tous les sens au son de The Cimmerian.
Setlist
- I, the Creator
- Opiate
- Leviathan
- Empty Vessels Make the Most Noise
- Cardinal Red
- False Providence
- Lavos
- The Cimmerian
Leprous
J’avais découvert Leprous en live au Cabaret Sauvage en 2020, et j’avais hâte de les voir à la Salle Pleyel défendre Aphelion. Le groupe a marqué la scène metal progressif par son style, fait d’une précision chirurgicale dans les rythmes, d’un mélange savant de guitares et de sons synthétiques, et de la voix planante et si particulière du chanteur Einar Solberg. Toujours aussi peu bavard sur scène, il nous explique cette fois que, son vocabulaire français se limitant à des mots très utiles comme « fourmilière », « ornithorynque » et « marmotte », il préfère s’abstenir de nous l’infliger.
Le show de ce soir rend parfaitement hommage au style unique de Leprous. La scénographie est simple, technique, presque froide, avec des grandes raies de lumière qui traversent la scène et adaptent leurs couleurs aux titres. On regrette un peu le choix d’un éclairage par l’arrière qui, outre qu’il complique le travail du photographe que je suis, fatigue les yeux après 2h30 de show. Heureusement, la qualité de l’acoustique de la Salle Pleyel et la balance, exceptionnelle, compensent ce problème et permettent de profiter de toutes les nuances du jeu de Tor Oddmund Suhrke et Robin Ognedal, tout en laissant se développer la puissance de la batterie de Baard Kolstad. Notons également que le violoncelliste Raphael Weinroth-Browne, après avoir joué sur Aphelion, revient accompagner le groupe après le Hellfest l’an dernier. Il sera d’ailleurs mis plusieurs fois à l’honneur sur des solis, comme sur les introductions de Out of Here et Below.
Leprous est donc venu ce soir défendre à la salle Pleyel Aphelion, son dernier album publié en 2021. Aussi, la setlist lui fait logiquement la part belle, avec pas moins de 6 titres issus de cet opus. Certains, comme Running Low, sont déjà devenus des classiques et devraient marquer durablement les futures setlists du groupe. Le groupe n’oublie pas non plus ses hits, avec des chansons comme Illuminate, Slave ou The Cloak. Une setlist au final plutôt bien équilibrée, qui satisfait tout le monde.
Le concert est l’occasion de quelques moments de bravoure, comme le final absolument monstrueux de Slave, qui monte en force jusqu’à nous passer dessus et nous laisser vidés, transportés. Castaway Angels est pour sa part, comme fréquemment désormais dans les concerts européens, dédié au combat du peuple ukrainien. Leprous pare à cette occasion la scène de Pleyel des couleurs du drapeau du pays, pendant que la voix d’Einar déploie toute son émotion sur ce premier single de Aphelion. Enfin, pour le rappel, c’est sur une scène entièrement rouge que le groupe nous offre un rappel de dix minutes avec The Sky is Red. Les jeux de lumière dynamiques accompagnent les évolutions d’ambiance du morceau. Impossible de ne pas se laisser transporter par l’énergie que le groupe déploie dans sa musique, nous faisant passer par toutes les émotions avant de nous laisser partir sur une dernière note.
Leprous sait mettre en tension à travers sa musique toute la palette des émotions. Je ressors une fois de plus joyeusement lessivé par ce concert, passé à la machine diablement efficace du groupe norvégien.
Setlist
- Have You Ever ?
- The Price
- Illuminate
- Running Low
- On Hold
- Castaway Angels
- From the Flame
- Alleviate
- Out of Here
- Slave
- The Cloak
- Below
- Nighttime Disguise
Rappel
- The Sky Is Red
Merci à Base Productions de nous avoir invités
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