Live reports | Nightwish, un Accor Arena au bout de l'attente

Chère Floor, c’était chouette de te voir enfin sur scène avec Nightwish hier à l’Accor Arena, depuis le temps qu’on devait se voir. Il faut dire que je vous suis un peu infidèle, la dernière fois c’était en 2009 et Anette Olson était encore aux manettes. Tu as pris sur toi hier pour monter sur scène après ta récente opération d’un cancer du sein. C’est courageux de ta part, et j’ai apprécié de ne pas avoir un cinquième report de ce concert que j’attendais depuis 3 ans!

Turmion Kätilöt

Je dois t’avouer que j’ai raté la majeure partie de Turion Katilöt. Nightwish, c’est bien, mais rejoindre l’Accor Arena à 19h, c’est un peu difficile en région parisienne. Mais j’ai eu le temps de chauffer mes cervicales au son de leur black-metal-industriel-électro. Un peu inclassables? En tout cas ça passait plutôt bien en live, ça m’a rappelé le Rammstein des premières années. Les deux chanteurs MC Raaka Pee et Spellgoth ont donné de leur personne pour chauffer la foule clairsemée ! Ils nous ont fait un instant publicité sur la photo de fin, en nous faisant faire des X avec les bras… comme pour leur onzième et dernier album Omen X, qui sortira en janvier 2023. Je pense que j’irai écouter ça de plus près !

Beast in Black

Et là je dois remercier Nightwish, Floor, car vous avez emmené avec vous dans l’Accor Arena mes petits chouchous de l’an dernier: Beast in Black. C’est la première fois que je les voyais sur scène, et je n’ai pas été déçu ! Le son était excellent, on retrouvait l’énergie que le groupe déploie dans ses albums studios. La transition post-Battle Beast est réussie ! Yannis Papadopoulos courait partout sur scène, adoptant une posture de chant qui rappelle celle de Rob Halford (Judaspriest). Et quelle voix ! J’avais peur que ça passe moins bien en live, mais manifestement le monsieur a du coffre et sait l’exprimer, et pas seulement pour nous inviter à crier pour Nigthwish.

Après un changement de plateau expédié en moins de dix minutes et une bande son bien épique, le groupe nous a régalé pendant 45 minutes avec l’essentiel de leur troisième opus Dark Connections. Le public de l’Accor Arena s’est réchauffé encore un peu, au rythme de la pyrotechnie et des effets de jeu des guitaristes, qui avaient tellement faim de live qu’ils en mordaient leurs guitares. Atte Palokangas se l’est jouée un peu, en jouant One Night in Tokyo à une seule baguette car tu comprends, sinon c’est trop facile. Et le groupe a pris des risques, en interprétant pour la toute première fois To the Last Drop of Blood sur scène. Bien joué !

Il faudra par contre que tu fasses passer un message à Anton Kabanen : quand la moitié de ton son est constituée de grosses nappes synthétiques, c’est quand même dommage de ne pas avoir un clavier live sur scène. Surtout quand on joue avant Nightwish. J’ai presque eu le sentiment d’entendre un playback parfois, j’étais déçu sur ce point.

Nightwish

Mais venons-en à ta prestation aux côtés de tes compères de Nightwish. Tu nous as dit après deux chansons avoir préparé une soirée spéciale après cette longue attente. C’était finalement une soirée assez classique. On aurait pu s’attendre à ce que vous poussiez plus votre dernier album Human :II: Nature. Mais 5 chansons sur 15 titres, c’est raisonnable. Spéciale, cette soirée l’était surtout par l’absence de Marko Hietala, qui a quitté le groupe le 12 janvier 2021… il aurait été là avec vous ce soir si le Covid-19 n’avait pas chamboulé nos vies. Troy Donockley a beau faire ce qu’il peut (et il le fait bien), des chansons comme I Want my Tears Back sont tout de même marquées par l’empreinte de Marko…

Floor, tu le sais, de toutes les chanteuses qui ont officié à ton poste, je trouve que c’est toi qui fais le mieux le job. Et je dois dire que ton interprétation de Sleeping Sun et Ghost Love Score m’a donné des frissons. Ta voix, cristalline par moment, et puissante quand il faut, a envoûté l’Accor Arena. Et quelle virtuosité quand tu alternes chant saturé et lyrique sur Last Ride of the Day ! Ta complicité avec Tuomas, qui présidait aux opérations derrière ses doubles claviers, était évidente. Il semble que le courant passe bien aussi avec Troy, votre interprétation guitare/voix de How’s the Heart était magnifique.

Je n’oublie pas la section rythmique, Kai Hahto (batterie) et Jukka Koskinen (basse) ont l’air de s’être bien trouvés. Le solo de batterie en entrée a donné le ton, et ils m’ont donné des frissons sur le final de Tribal, qui il est vrai est taillée pour eux. On leur passera les quelques approximations rythmiques sur Shoemaker.

Un final magistral

Le final sur The Greatest Show on Earth était à l’image de la scénographie de Nightwish : magistral. L’écran du fond de l’Accor Arena montrait une alternance d’images de vie marine, d’incendies et de cités industrielles. Cela rappelle votre engagement écologique, qui a transparu tout au long du concert. Ce qui ne vous a pas empêchés de sortir les flammes et les feux d’artifice quand il le fallait ! J’ai bien noté aussi les couleurs de l’Ukraine qui se sont affichées furtivement au milieu des étoiles. Tout au long du concert, les images épurées alternaient avec les symboles mystiques défilant sur l’écran du fond. C’était beau, et stylé. Merci également de n’avoir pas joué au faux rappel. De plus en plus de groupes abandonnent cette pratique, et je ne trouve pas cela plus mal, même si on est toujours un peu triste que quand c’est fini, ce soit vraiment fini.

Pour finir, et pour vous voler votre mot de fin: « We were here« , avec Nightwish, à l’Accor Arena. C’était vraiment bien de vous revoir enfin. Promis, la prochaine fois je n’attendrai pas treize ans pour revenir.

PS: merci à Veryshow de nous avoir invités !