Enfin la voilà ! Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette date parisienne de la tournée européenne Wolfsnächte 2024 Powerwolf était vraiment très attendue au Zénith de Paris. Elle affiche complet depuis déjà plusieurs mois, suscitant des annonces désespérées de fans sur les réseaux sociaux cherchant leur ticket et d’autres hésitant à aller plutôt à leur passage à Nantes la semaine précédente. C’est un deuxième Zénith pour la meute de Sarrebruck, qui réussit l’exploit de le remplir si facilement pour présenter au public son nouvel album, Wake Up The Wicked, sorti cette année chez Napalm Records. Et pour parfaire cette belle affiche, ils sont accompagnés par les Italiens de Wind Rose, et les vétérans suédois de Hammerfall, on a du lourd ! Clairement le concert de power metal de l’année 2024.
Fait assez surprenant, les portes du Zénith se sont ouvertes très tôt ce soir-là, elles le sont déjà à mon arrivée en avance vers 17h30 pour une ouverture annoncée à 18h30. Et c’est franchement une bonne idée, le hall d’entrée est déjà très vivant, bouillonnant de vie et de fans ayant plus hâte les uns que les autres d’assister à ce concert d’exception. Les gens se retrouvent, venus entre amis ou en famille, le merchandising est pris d’assaut et les bars abreuvent les plus assoiffés. D’ailleurs, des gobelets Ecocup ont été imprimés pour l’occasion à l’image du groupe de la soirée. Puis la fosse et les gradins se remplissent lentement en attendant la première partie.
Diggy diggy hole!
Et voilà qu’entrent en scène les nains de Wind Rose, au power metal martial et festif venu des entrailles des montagnes. Ils nous présentent eux aussi un album sorti cette même année : Trollslayer. La pochette annonce déjà la couleur, un nain tueur de troll sorti tout droit de l’univers de Warhammer, tatoué comme un highlander écossais et armé de deux haches, prêt à fendre du troll.
Ils donnent tout dès le début ! Francesco Cavalieri déboule comme un sanglier sur une scène ornée de deux belles statues naines dignes d’Erebor. Il est armée de son énorme hache à deux mains pour ouvrir la cérémonie sur Fellow The Hammer, de leur précédent album Warfront, suivi très rapidement par le festif The Great Feast Underground. Le Zénith vibre déjà, on ne dirait pas une première partie, on dirait une tête d’affiche !
Les morceaux s’enchaînent, mettant aussi à l’honneur l’album Wintersaga, connu pour avoir propulsé le groupe dès leur signature chez Napalm Records. Drunken Dwarves, pour ne pas oublier que les nains aiment s’envoyer des lampées de bière fraîche entre deux passages à la mine. Mine Mine Mine!, oui il y a bien un point d’exclamation dans le titre, parce qu’il faut creuser, nom d’un gobelin ! On n’est pas là pour protéger la nature et les petits oiseaux comme des elfes !
C’est le chaos dans la fosse et ce n’est pas pour rien que nos nains préférés ont mis en vente au merchandising des pioches en plastique gonflable. C’est loufoque mais c’est génial, parce qu’il y en a partout. Vient alors le single qui nous a fait trépigner en attendant l’album Trollslayer : Rock and Stone, un morceau qui harangue la foule et nous fait hurler ces trois mots comme si l’on s’échauffait avant une bataille. C’est ensuite l’épique Together We Rise qui vient secouer la salle au rythme des forges, avant de laisser place à Diggy Diggy Hole.
Mais que dire sur ce morceau… Celui qui n’avait été envisagé que comme une sympathique reprise de The Yogscast est devenu le leitmotiv de Wind Rose. C’est un hymne, une ode aux nains de toute la fantasy à la popularité monstrueuse qui nous invite à rejoindre les cavernes scintillantes pour y creuser jusqu’à la fin des temps. (Ou jusqu’à réveiller un Balrog…)
Quoi ? C’est déjà fini ? Je ne sais pas combien de temps cela à duré, vingt-cinq ou trente minutes ? En tout cas après une telle claque, nous sommes encore sur notre faim, c’est un peu frustrant. Wind Rose aurait dû jouer après Hammerfall, ils méritent clairement cette place car là, le Zénith est bien chauffé à blanc.
Du cuir et des riffs
La scène est alors modifiée pour la venue des Suédois de Hammerfall. Les statues naines sont retirées, les plateformes son aménagées et la batterie est cette fois en hauteur pour accueillir le groupe sur un terrain plus vaste. Hammerfall, c’est du power metal à l’ancienne avec des accents mélodiques de heavy metal, un groupe que l’on pourrait qualifier de fondateur d’un genre aux côtés d’autres poids lourds comme Helloween ou Gamma Ray. Ils ont une notoriété qui fait déjà date et surtout un grand nombre d’albums en plus de vingt-cinq années de carrière.
Le groupe nous offre un spectacle très classique, c’est très bon, c’est lourd, c’est du heavy/power metal comme on aime, mais j’ai l’impression qu’il y a quelque chose qui manque, un grain de folie que je ne saurais décrire. J’y vois là un concert très classique, trop classique. C’est purement subjectif, mais j’ai tendance à m’ennuyer, et cela serait certainement encore plus le cas s’il n’y avait pas quelques morceaux que je connaissais.
On est sur du Nuclear Blast, un label d’exception lui aussi, donc on a forcément des morceaux cultes qui sont sortis avec des clips détonants. Anny Means Necessary, Hammer High, Last Man Standing, les morceaux s’enchaînent bien. Joacim Cans communique avec la foule qui lui est très réceptive, il y a pourtant tout pour un bon spectacle.
Puis le set se clôt sur le morceau emblématique du groupe : Hearts On Fire, sous les applaudissements d’un public conquis. À titre personnel, cela m’a plu mais sans plus, j’aurais clairement préféré les voir passer en premier avant le show que nous a donné Wind Rose.
In nomine patri…
Il y a toujours du mouvement entre deux concerts d’un même soir. Les gens circulent, sortent de la salle pour aller au petit coin intime ou pour s’approvisionner dans les bars. Ça bouge beaucoup et on ressent surtout l’excitation à l’idée de voir enfin le groupe en tête d’affiche. Alors que le public termine ses emplètes et commence à repeupler la salle, un immense rideau rouge tombe et nous cache la scène. Un rideau sanglant marqué d’un monogramme que l’on connait tous ici : P et W.
Après une brève introduction orchestrale, le rideau tombe enfin pour nous offrir la vue d’une scène monumentale, des écrans géant en arrière plan assurent tout le décor et l’ambiance tandis que des torches et du matériel de pyrotechnie ont été installés en intérieur ! Les écrans sont incurvés et projettent des images en mouvement presque en trois dimensions.
C’est sur un piédestal monumental que nous découvrons Attila Dorn, la puissante et inimitable voix de Powerwolf, entouré de sa meute de loups gris dans un sublime décors d’église de feu et de sang sur la scène du Zénith de Paris. C’est bien là l’imagerie du groupe que l’on aime, une atmosphère religieuse sombre et épique, à base de sermons et d’histoires effrayantes.
Le ton est tout de suite donné, ça envoie, ça brûle, et la foule est déjà en délire. On s’attendait à du feu (littéralement), mais pas à autant de feu, et encore moins à des feux d’artifice ! Les gros titres arrivent tout de suite, Army Of The Night nous donne envie de dégainer une épée pour partir en Terre Sainte et Amen And Attack nous fait complètement délirer. C’est tellement bon ! On a déjà tous envie de partir en croisade. Puis vient Sinners Of The Seven Seas, tiré du nouvel album de cette année, Wake Up The Wicked, que le groupe est venu nous présenter à l’occasion de cette tournée. C’est un morceau inspiré de la mer et de la tempête comme l’était Sainted By The Storm, du précédent album.
Il faut d’ailleurs rappeler que depuis des années, Powerwolf a une productivité exceptionnelle, un album par an depuis l’année 2021, et que des bons albums qui cartonnent. Et cette ambiance, je pense que l’on peut difficilement faire mieux. Powerwolf a déjà pris possession d’un Zénith de Paris en extase et Attila nous tient tous dans le creux de sa main. Tous. Très peu d’artistes peuvent faire cela.
La présence et le charisme d’Attila sont légendaires, il est indéniablement l’un des frontmen les plus populaires du metal actuel. Mais que serait un concert de Powerwolf sans la performance scénique de Falk Maria Schlegel ? L’extravagant claviériste prend toujours un plaisir tout particulier à descendre de sa plateforme pour venir motiver les troupes, et on le lui rend bien ! La foule applaudit chaleureusement, alors qu’il se met à danser avec Attila, qu’est-ce qu’on l’aime ce brave Falk. Attila nous comble de plaisir dans ses discours par sa maîtrise parfaite de la langue de Molière. Effectivement, il vient de Sarrebruck, sur la frontière avec la Moselle, j’ai moi-même été là-bas et j’ai été très surpris d’y rencontrer autant de personnes pouvant parler le français.
Enfin un gros single de leur album : 1589, « fifteen eighty nine », un morceau parfait pour les lives, avec trois mots faciles à scander dans le refrain. Et enfin le clin d’oeil à Marilyn avec Demons Are A Girls Best Friends et ses « woh-oh-oh oh-oh-oh » si reconnaissables. Ne l’oublions pas, nous sommes à la messe, alors le père Attila monte sur son perchoir pour prononcer son sermon et nous inviter à joindre les mains pour prier dans cette atmosphère sombre et liturgique si propre au metal et pourtant si propre à Powerwolf. Le concert comporte aussi l’unique morceau chanté en français, Bête du Gévaudan, une macabre histoire du XVIIIème siècle bien connue par chez nous.
Les morceaux tous plus cultes les uns que les autres s’enchaînent, Fire And Forgive, Sainted By The Storm, avant de faire place aux rappels. Les trois derniers morceaux que sont Sanctified With Dynamite, We Drink Your Blood et Werewolves Of Armenia cloturent cette prestation dantesque à coups de pyrotechnie et avec un public en délire.
C’est une belle claque, Powerwolf a pris la place qu’il mérite, jouer dans toutes les plus grandes salles et qui sait ? Probablement avoir pour ambition dans les temps à venir d’occuper les têtes d’affiche des plus grands festivals ? Après une certaine longévité, le groupe a évolué, la taille et surtout les attentes du public aussi. Maintenant il peut s’affirmer comme l’un des plus grands groupes de metal de sa génération. Un groupe comme Wind Rose, bien plus récent peut s’attendre à avoir une longue carrière après cela, il n’y a pas si longtemps, il ne faisait encore que des petites salles comme le Glazart l’an passé. Je ne sais pas ce qui attend Hammerfall à l’avenir, mais force est de constater que le groupe tient toujours après toutes ces années et sort tout de même de bons albums régulièrement. En tout cas, le cocktail fait avec ces trois groupes a très bien marché ce soir-là, c’est mission accomplie.
Sidifest III : Sidilarsen + Tagada Jones + Madam – Le Bikini Toulouse