Je me réveille ce matin et j’ai très envie de bon vieux rock qui tache, celui qui fleure bon le desert, les chapeaux de cow-boy et la bouse de vache. Je prends la voiture et je me mets à rouler, ça n’est pas vers Memphis que je me dirige, mais vers Lessines et attention, c’est en Belgique.

J’arrive, l’ambiance est cool, très familiale, des enfants courent un peu partout, quelques stands vintages à l’entrée, des coins bouffes qui balancent une bonne odeur… Le temps de prendre une petite bière et direction le premier concert.

Everyone is Guilty monte sur scène, c’est un groupe du coin, des Liégeois, ils sont cinq et vont pas mal nous faire voyager. Le chanteur, tatouages sur les bras, barbe fournie, balance une voix douce et harmonieuse, au timbre ça me fait évoquer assez facilement Dan Auerbach ptet un peu moins crade.

Il alterne guitare et banjo entre chaque morceaux. Les chansons évoquent des thèmes plutôt typiques dans le folk et le blues, les titres? Dust to Dust, My sweet old town (oui c’est bien une chanson écrite en hommage à liège…), le banjo balance une petite touche assez exotique, entêtante, je me surprends même çà chantonner sur certaines pièces. Le reste des musiciens sont loin d’être en retrait, une contrebasse, une batterie, des guitares, très en place mais en même temps assez détendu… La dernière chanson du set « Gods or nothing », excellente, pour moi la meilleure chanson du set. Groupe qui a encore besoin de gagner en maturité je pense, mais très sympa, à suivre.

 

C’est au tour de The goon Mat and Lord Benardo de monter sur scène. Là encore c’est deux Belges qui voyagent légers mais vont envoyer pas mal de lourds. Matthias Dale, dit « The Goon matt » se place avec sa guitare, ses percus, sa grosse barbe et sa voix rocailleuse sur la gauche de la scène.

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À droite, ce sera Lord Bennardo, un harmonica à la main (enfin si on peut parler de droite, le Laron court dans tous les coins, il va même finir par se jeter dans la fosse pour venir jouer au milieu de la foule). Niveau son, c’est du delta blues, mais plus bourrin et plus crade, ça bouge du feu de Dieu, la foule tape du pied, et des mains. Faut dire aussi que l’harmonica, avec un son légèrement saturé, n’y est pas pour rien, en plus les musiciens sont ultras secoués. Ils balancent des blagues, exhortent pas mal foule à bouger « everybody jump », voire même « take of your clothes » (bizarrement plus de réponses des gros barbus de la salle que des nanas…). On en sort avec le sourire et légèrement rincé. Bravo les gars.

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The Sadies j’avoue que je ne connaissais pas le groupe à la base. Et pourtant quand on voit la liste longue comme le bras de leurs collaborations, on se dit que bordel, les gars doivent pas être mauvais. Neil young, Jon spencer, André Williams, Kurt Vile… Que des gros noms. Pas mal de country, du folk, une touche de psyché. C’est ce que le groupe va balancer sur scène pendant près d’une heure.

Les musiciens sont très bons, souvent multi-instrumentistes, ça passe du violon à la guitare en passant par la contrebasse. Là encore  j’ai pas mal envie de bouger, je m’imagine bien un verre de tort boyau à la main.

Et le reste de la foule a l’air dans le même délire, ça remue pas mal. Les chansons? The good years, So much blood, The first five minutes… Comme une envie de découvrir leur disco et y a du taffe.

Je suis aussi passé voir Calibro 35, c’est un groupe italien qui mélange pas mal le funk et la psyché. Je suis un bon gros fan du genre, mais je n’ai pas réussi à adherer au concert, de longues pièces qui n’ont pas réussi à me tirer de frissons.

Les musiciens sont très bons ça on ne peut pas le nier. Mais le délire ne m’a pas fait voyager, je me suis un peu ennuyé, et j’ai trouvé ça pas mal hautain. Peut-être que je n’étais pas dans de bonnes conditions.

Je me reprends une petite bière (soit dit en passant pas mal de bière locale sur le festoche, on est au pays du houblon putain). Direction Endless Boogie, c’est du stoner psyche et bordel, va falloir allumer les bâtons d’encens parce que ces gars ont une sacrée réputation. Leur album « Long island », sorti en 2013 est pour moi l’une des plus grosses bombes du stoner sorti ces dernières années.

Ils le préviennent d’entrée, ils ne joueront que 5 morceaux, 2 courts et 3 de 15 minutes. Le gratteu est ultra charismatique, cheveux longs jusqu’au cul, chemise rouge et blanche à rayure, une espèce de Charlie, qu’on aurait retrouvée au burning man. Sa voix est posée, grave, gutturale. Son jeu?…Monstrueux… Bordel le gars enchaine les soli comme je bois mon café et je peux vous dire que j’en bois pas mal.

Le reste des musiciens, assez statique sont ultras en place, un accompagnement quasi obsessionnel. C’est vraiment ultra-bon, je me pose au fond de la tente et je profite. Le reste de la foule à l’air de bien apprécier aussi, pas mal de gens les yeux fermés, une légère impression d’être enveloppé par la musique. Un relent de stooges? De black sabbath? Dur à dire. Je recroise le chanteur plus tard, devant Jon spencer, et le gars n’est pas prétentieux pour deux sous, il me balance une dédicace: « Rock is life, Stay high » un conseil que je garde dans un coin de ma tête.

Direction The Devil Makes Three, un trio composé de  Pete Bernhard à la guitare et au chant, Lucia Turino à la contrebasse, et Cooper McBean au banjo.

C’est une américana très poétique, le genre de trucs qui racontent des histoires et qui donne l’impression que le groupe est en train de tourner dans l’ouest américain fin 1800. Le set est ultra-propre, aussi bien au niveau des leads que des choeurs.

Là encore la foule réagit bien, pas mal de gens dansent. Des chansons comme  stranger, champagne and reefer, une bonne plongée dans un univers vintage. Bon petit groupe.

Jon Spencer, c’est un peu une légende du garage rock underground. Le gars tourne depuis 20 ans outre-Atlantique et a balancé pas mal de bons albums. Jon Spencer Blues Explosion ça vous dit quelque chose? C’est normal et c’est foutrement bien.

C’est la première fois qu’il fait un album en « solo » et on l’attend au tournant. Il arrive sur scène avec un claviériste, un batteur et un individu masqué sur une seconde batterie/barril. Ils sont impressionnants, ça bouge à fond dans la foule et on assiste même à un début de pogo.

Le frontman arrangue la foule à plusieurs reprises, en deux morceaux il est déjà en sueur, il a 50 balais et bordel, je lui en claque au moins 20 de moins.

Évidemment, on aura droit à des morceaux du dernier album mais aussi quelques plus vieux sons du blues explosion. Le concert est ultra furieux, jouissif, primal, c’est rock avec un arrière gout de blues. Je ressort de concert rincé comme l’impression d’avoir croisé une légende du rock.

Wovenhand ensuite, là non plus je ne serais pas déçu du voyage. À la tête du groupe, on retrouve David Eugene Edwards c’est un ancien de 16-horsepowers. Chapeau de cow-boy blanc, lunettes de soleil et veste en Jean. Une voix grave, ultra bluesy qui fait voyager.

Assez peu bavard, il transpire une classe naturelle, qui en impose. Le groupe va nous jouer un mélange de rock, de folk et de country. Un air de Nick Cave, le concert est intimiste et pourtant très adapté à un festival.

Le frontman paraît en transe. Franchement très bon. Un groupe à ne pas hésiter à croiser en concert.

Je vais ensuite me poser devant Kitty Daisy and Lewis, ce sera plus calme. Chez eux le rock est une affaire de famille, ils sont frères et soeurs et balancent un rockab assez cool aux accents blues et soûl.

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Le groupe est très bon, certaines personnes twistent dans le public. Comme dans un jeu de chaises musicales, la fratrie ne va pas cesser d’interchanger leurs instruments, tant qu’à faire, autant s’amuser et jouer de tout. Ils seront rejoints par un trompettiste fringué de toutes les couleurs pour deux ou trois morceaux franchement sympas, un peu plus soûl.

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Ils ont l’air de franchement s’amuser, ont un enthousiasme assez communicatif, et franchement, ça respire le talent. Petite bouffée d’amusement pendant le festoche.

Le temps de grailler un petit truc et de reprendre une nouvelle bière et je me dirige vers les Black Box Revelation. Encore une fois un duo belge vachement sympa, et ils sont plutôt habitués à la scène, 5 albums et des très gros festivals comme le Sziget ou rock en seine.

Au niveau du son le duo guitare batterie m’évoque évidemment les blacks keys, avec un côté plus garage orienté blues. Le chant tape plus du coté des smashing pumpkins quant à lui. Le duo composé de Dries Van Dijk à la batterie et de Jan Paternoster au chant et à la guitare va nous livrer un concert puissant et ultra-excitant.

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Jan demande à la foule de hurler sur war horse pour l’accompagner, évidemment vu la capacité du morceau à se fourrer dans la tête et à tourner en boucle toute la journée, ça fait réagir, et le groupe va en jouer, en relançant deux ou trois fois le morceau et improvisant un peu dessus. Changement de guitare, minute de repis dans le set, une guitare et une voie, le batteur se met un peu en retrait, ce sera blown away, une chanson du dernier album, c’est très nostalgique et quand j’entends les paroles je vois que je ne me suis pas trompé. Le concert va vite repartir, et le pogo se reformer, un bon petit shuffle des familles sur High on a wire, des relents de psyché, un gros fuzz, le guitariste a du talent et sait le montrer, des soli franchement bons, j’ai l’impression qu’il improvise pas mal.

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Do I know you un morceau de silver threats et ça redeviens ultra orageux, on voit qu’il a quand même pas mal évolué dans leurs compositions, plus posés, moins orageux, ça n’est pas plus mauvais loin de là, ils ont juste gagné en maturité. Le groupe terminera son set par tattooed smiles le morceau éponyme de leur dernier album. Je les avais déjà vu il y a un moment et ça confirme mes premières impressions, très bon concert.

Enfin je terminerais la soirée par C. W. Stone King, venu du pays des kangourous, cheveux gominés, chemise blanche. accompagné là encore par un contrebassiste, le monsieur ne sera pas là pour réinventer le blues. On a l’impression de se retrouver dans les années 30 et je pense que c’est l’objectif recherché. La voie, quant à elle n’est pas propre, c’est crade lo fi mais toujours juste, comme une impression de vieux matos à moitié cramé.

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Ça peut faire penser à screaming jay Hawkins sur certains morceaux pets un peu moins fous quand même. Le concert est franchement cool, très revival. Ce n’est pas forcément ce que je préfère, mais soit honnête c’est très bon.

Au final très bon festival que le Roots & Roses si vous êtes dans le coin l’année prochaine, franchement, n’hésitez pas.

 

 

 

 

 

 

 

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