THE SISTERS OF MERCY : LA GRAND-MESSE
Ça fait pas loin de 45 ans que The Sisters Of Mercy s’est formé sous l’impulsion du chanteur Andrew Eldritch et ça faisait pas loin de 45 ans que le groupe de Leeds fait figure de porte étendard du rock gothique et ce, même si son leader a toujours réfuté ce titre. Avec seulement 3 albums depuis 1980 (le dernier album en date, Vision Thing est sorti en 1990), la musique de The Sisters Of Mercy se veut rare et les prestations du groupes comme de véritables expériences sonores, visuelles et introspectives. À ce titre, Andrew Eldritch et sa bande sont sur la route depuis mai 2023 pour une tournée mondiale qui est passée par les États-Unis jusqu’en août et qui a lieu depuis septembre en Europe.
Avec seulement 4 dates en France (Lyon, Paris, Bordeaux et Toulouse), autant dire qu’en ce soir du 21 octobre 2023, la salle du Bikini de la ville rose affiche sold-out. En effet, les fans de tous âges se sont donc déplacés en masse pour la grand-messe de Sisters Of Mercy, comme en témoigne l’immense queue qui s’est formée devant l’entrée de la salle de concert dès 19h30… Tout le monde est prêt à vivre une expérience. Sa propre expérience…
THE VIRGINMARYS SONNENT LES CLOCHES
Mais avant de retrouver The Sisters Of Mercy, c’est à The Virginmarys que revient lourde charge de lancer les hostilités. Tout droit venus de Macclesfield en Angleterre, le duo Ally Dickaty (chant, guitare) / Danny Dolan (batterie) vient proposer ce soir un rock énervé et plutôt bien ficelé. Évoluant dans une configuration simple guitare / batterie, la musique du power duo s’avère primaire dans son rendu sonore et ô combien redoutable.
En effet, The Virginmarys ne cherche pas à mettre en place des compositions alambiquées avec des structures compliquées, mais des titres bruts de décoffrage qui tapent là où ça fait mal (« Where Are You Now ? »). Pourtant, à y regarder de plus près, les morceaux des anglais sont plus finauds qu’il n’y paraît, notamment dans leur mises en place (« The Meds », « Just A Ride »). Ainsi, on sent qu’Ally et Danny ont une grosse expérience de la scène depuis plus de 15 ans (ils ont notamment déjà partagé la scène avec Queens Of The Stone Age, Slash, Terrorvision, Skunk Anansie, Eagle Of Death Metal, Ash etc. Bref, même si le public du Bikini n’est pas encore totalement rentré dans l’arène (il fait encore bon sur la terrasse et les bars extérieurs ne désemplissent pas), The Virginmarys se donne à fond et remporte tous les suffrages du parterre présent.
Suite à un temps de jeu d’environ 45 minutes, les anglais quittent la scène avec la satisfaction du devoir accompli : le groupe a réussi à attirer le public dans son giron avec l’art et la manière ! Voilà un duo à suivre de près… de très près.
THE SISTERS OF MERCY : COMMUNION AVEC LE BIKINI
Après un changement de plateau assez rapide, la scène se pare des ambiances propres à The Sisters Of Mercy : du bleu, du rouge, du vert, du violet et de la fumée. Beaucoup de fumée. En l’espace de quelques minutes, le cauchemar de tous les photographes de concert prend forme sur la scène…
Dès son entrée sur les planches sur « Don’t Drive On Ice », le groupe d’Andrew Eldritch est accueilli comme le messie par tous une horde de fans qui se presse depuis déjà une bonne demi-heure sur les barrières. Derrière les volutes de fumées épaisses et les couleurs uniformes, la musique qui se dégage du groupe prend des accents qui convoquent en son sein différentes ambiances éthérées. Ainsi, le public est vite happé par le côté claustrophobique de « Don’t Drive On Ice » avent de partir dans une sorte de transe psychédéliques sur « Eyes Of Caligula », tout en passant par le côté épique de nouveaux titres comme « I Will Call You » ou « But Genevieve » qui rappellent la belle époque de l’album First And Last And Always de 1985.
À la fois insaisissable et pourtant si particulier, le son de The Sisters Of Mercy n’a pas de mal à se frayer un chemin dans le cervelet des spectateurs. Ainsi, des compositions anciennes comme « Here » ou « Marian » qui rappellent parfois le Bauhaus d’antan se mélangent à des titres récents qui ont toutes pour déterminateur cette boîte à rythme entêtante et la répétition des nappes. Difficile d’en sortir indemne… Qui plus est, Andrew Eldritch délivre une prestation habitée au milieu des volutes de fumées et la paire de guitaristes Ben Christo (côté jardin) et Kai (côté cours) est bien place. À ce titre, la jeune guitariste fraîchement arrivée dans The Sisters Of Mercy il y a à peine 10 jours, maîtrise bien son sujet et n’a pas de mal à s’approprier les parties de gratte.
Du côté du public, c’est une invitation au voyage introspectif que lui est proposée par les anglais. En effet, chacun reçoit la musique du groupe en son for intérieur sur des classiques tels que « Vision Thing », « Ribbons », « Doctor Jeep / Detonation Boulevard » ou le très bon « More » et s’abandonne ainsi sur les différentes atmosphères que composent les morceaux. Alternant habilement vieux morceaux des 3 albums et nouveaux titres écrits en 2020, The Sisters Of Mercy n’a pas de mal à se mettre l’audience dans la poche durant toute la durée de son set avant de terminer en apothéose par les hits « Lucretia My Refection », « Temple Of Love » et l’impressionnant « This Corrosion » qui clôt à merveille cette grand-messe. Amen.
Au final, la venue de The Sisters Of Mercy au Bikini de Toulouse a tenu toutes ses promesses. Andrew Eldritch et sa bande ont su façonné bien ficelé et taillé pour qu’il soit une véritable forme d’expérience pour le public. À la croisée de chemins musicaux ambiancés, The Sisters Of Mercy a (encore une fois) prouvé qu’il était un groupe à part, hors du temps, hors des modes et sur lequel on ne peut coller aucune étiquette… Espérons qu’Andrew Eldritch continue encore longtemps à porter son projet à bout de bras et peut-être qu’on aura droit à un quatrième album… qui sait ?
Setlist :
- Don’t Drive On Ice
- Ribbons
- But Genevieve
- Alice
- I Will Call You
- Dominion / Mother Russia
- Summer
- Marian
- More
- Show Me
- Doctor Jeep / Detonation Boulevard
- Eyes Of Caligula
- I Was Wrong
- Here
- Crash And Burn
- Vision Thing
- On The Beach
- When I’m On Fire
- Lucretia My Refection
- Temple Of Love
- This Corrosion