Feary Tales For Strange Lullabies: The Dome
par 6:33
6h33 d’un jour inconnu de l’année 2008, un ovni s’écrase sur Paris. Dans les décombres, des pièces de metal, de l’électronique, des morceaux de jazz et des débris de disco. De tout ce bazar naît un groupe, 6:33, aux frontières entre tous les genre musicaux ayant eu leurs moments de gloire durant le siècle dernier. Sur le papier, on est en droit de ce demander quel peut bien être le rendu d’un tel monstre de Frankenstein, et il suffit de tendre une oreille pour se rendre compte que ce monstre-ci est parfaitement maîtrisé.
Après un condensé de violence pure (Orphans of Good Manners), un génocide de clowns et de nains (The Stench From the Swelling) et une étude des sept pêchés capitaux à la Se7en (Deadly Scenes), le groupe de vengeurs masqués laisse tomber les cagoules et revient avec un quatrième album intitulé Feary Tales For Strange Lullabies: The Dome basé cette fois-ci sur le thème des jeux vidéo.
Avec un premier single, Act Like an Animal, sorti en mai dernier, le ton était donné : ce nouvel opus serait plus électro que ses prédécesseurs. 6:33 n’a jamais caché ses influences électroniques qui étaient déjà très présentes depuis le début avec des titres comme The Fall of Pop ou Order of the Red Nose pour ne citer qu’eux. Malgré tout, les influences progressives du groupe restent présentes mais se font moins directes sauf sur les titres les plus proches de ce qui avait pu être proposé sur Deadly Scenes ; on pourra citer Act Like an Animal, Holy Golden Boner ou encore Rabbit in the Hole. Concernant l’aspect metal, Rorschach viendra même growler sur plusieurs titres, entraînant comme à l’accoutumée ce décalage entre un chant hurlé et une instru très gaie comme le groupe en a le secret. Le meilleur exemple à cela est probablement le titre Hot Damn Chicas, savant mélange complètement barré entre musique entraînante et violence.
Pour autant, le ton général de Feary Tales For Strange Lullabies: The Dome est résolument plus pop et plus joyeux. C’est un album qui donne envie de danser un verre à la main, et même si le thème général est « les jeux vidéo », j’y retrouve un côté « grosse soirée à l’américaine » grâce à des morceaux comme Party Inc., Release the He/She ou encore Flesh Cemetary. Concernant les jeux vidéo, en plus de la pochette et de la communication faite (logo Sega pour le nom du groupe par exemple), l’ensemble évoque un jeu complètement fou, sans sérieux ni prise de tête qui rappelant indéniablement Saints Row ou Borderlands. Les titres les plus parlants sont certainement Wacky Worms et Act Like an Animal, deux singles présentés avant la sortie de l’album.
J’ajouterai que s’il y a bien un morceau qui se démarque sur Feary Tales For Strange Lullabies:
The Dome, c’est Prime Focus. Composition atypique de plus de six minutes, ce titre utilise des éléments proches de musiques de film : son introduction m’a faite immédiatement penser à du Harry Potter tandis que Peter Pan m’est venu à l’esprit dès les premières notes de chant. Après cela, c’est au tour de musiques de cirque de faire leur apparition au sein du morceau, entremêlée de ce côté Burtonien typique du groupe. Malgré sa courte durée, c’est un titre assez complexe et extrêmement riche dans la veine de la trilogie des clowns en ce qui concerne sa construction. Et puisque 6:33 aime le cirque, ils nous en remettent une dose dans le petit interlude instrumental Downtown Flavour.
L’album vient se clôturer sur une joyeuse balade, Hangover, avec un bon goût de reviens-y. Et c’est tant mieux car Feary Tales For Strange Lullabies: The Dome nécessite plusieurs écoutes. En effet, si l’album peut paraître plus facile d’accès que ses prédécesseurs, ce n’est qu’une façade. Comme dit précédemment, les éléments progressifs se font discrets de prime abord, mais restent bel et bien présent et apportent une complexité aux morceaux. Une fois de plus, 6:33 démontre une capacité à se renouveler et à ne pas produire deux fois le même album. Feary Tales For Strange Lullabies: The Dome pourra en rebuter certain·es par son côté très électro pop, mais ce renouveau musical du groupe me semble être dans la juste lignée de son évolution au fil des albums. Hâte de voir ce que les parisiens nous concocterons la prochaine fois !
Feary Tales For Strange Lullabies: The Dome sort le 1er octobre 2021 sur toutes les plateformes digitales, et sera disponible en version physique en magasin dès le 15 octobre. Vous pouvez aussi commander l’album directement sur le site officiel de 6:33.
En attendant, vous pouvez retrouver toutes nos interviews ici. Pour nos chroniques, ça se passe là.
Tracklist :
- Wacky Worms
- Holy Golden Boner
- Prime Focus
- Party Inc.
- Hot Damn Chicas
- Rabbit in the Hat
- Release the He/Shes
- Downtown Flavour
- Flesh Cemetery
- Act Like an Animal
- Hangover
Feary Tales For Strange Lullabies: The Dome
par 6:33