La grande désillusion

par Benjamin Epps

7
sur 10

C’est ce vendredi 7 avril 2023 que Benjamin Epps a dévoilé son premier album intitulé La grande désillusion. Album d’autant plus attendu que le rappeur avait déjà dévoilé trois EPs très appréciés et avait même reçu un BET Award pour le meilleur flow l’année dernière.

La grande désillusion, c’est celle de la dure réalité de la vie à Libreville, dont Benjamin Epps est originaire. Mais c’est aussi la potentielle déception que ressentiront les auditeurs en écoutant ce projet. Car pour ce premier album, l’artiste a décidé d’expérimenter, tant au niveau du flow que des productions. Dans La grande désillusion, on trouve ainsi Benjamin Epps là où on ne l’attend peut-être pas. Ce qui ne sera sans déplaire ses fans qui l’ont connu avec ses précédents EPs.

LA GRANDE DÉSILLUSION DE BENJAMIN EPPS : NOTRE ÉCOUTE

L’introduction de l’album, « la grande désillusion », nous plonge tout de suite dans un univers sonore très US des années 2010, à la J. Cole ou Kendrick Lamar. C’est une belle entrée en matière, où Benjamin Epps conclut de la manière suivante :

Impatient de te lire, impatient d’savoir que t’es déçu

On retrouve ces sonorités boom bap tout au long de l’album. Dans  « bienvenue à b’hell-vue », Benjamin Epps décrit, tel un reporter, le quotidien à Bellevue, quartier de Libreville. On apprécie ce storytelling, plutôt rare dans le rap français actuel. On retrouve la même recette dans « vivre » ou « la pression », même si l’un est plus solide que l’autre.

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Benjamin Epps propose également de la trap, qui correspondra peut-être plus à ses auditeurs habituels. On pense par exemple au banger « capitaine flamme », au cinématographique « police à ma porte » ou à « la tension » qui est peu plus faible.

Une autre nouveauté dans ce projet est que le rappeur s’essaie à des refrains chantés, comme dans « mes rois dorment » ou « bienvenue à b’hell-vue ». Plutôt bien travaillés, ces refrains ajoutent un petit plus aux morceaux.

Enfin, les featurings sont les points forts de l’album. Dans « no enemy », Benjamin Epps a invité l’américain Styles P. Si on croit entamer un morceau trap de plus, les riffs de guitare qui explosent lors du refrain nous prouvent le contraire. On quitte alors le domaine du rap pour entrer dans celui du rock. On peut ne pas aimer le morceau, mais on respecte cette prise de risque !
Le feat avec MC Solaar, intitulé « libre », est le meilleur morceau du projet. L’instru est douce et Benjamin Epps la maîtrise parfaitement. MC Solaar, quant à lui, débute avec un flow lent avant de débiter des paroles ultra travaillées. Il démontre ainsi qu’il reste l’un des meilleurs du rap français, toutes générations confondues.
Enfin, « très tard le soir » avec Josman et « dans nos murs » avec Angélique Kidjo sont des collaborations réussies et nous permettent de conclure l’album sur une belle note.

LA GRANDE DÉSILLUSION DE BENJAMIN EPPS : verdict

Sur le papier, La grande désillusion de Benjamin Epps a toutes les qualités pour plaire. En effet, les productions sont intéressantes et variées : on passe du boom bap à la trap, avec une petite parenthèse rock. Les refrains sont un peu plus chantés et mélodieux. Les paroles sont également travaillées et le rappeur y aborde des thèmes forts et intimes.

Pourtant, malgré quelques prises de risques, l’album n’attend pas le potentiel qu’il portait en lui. Quelques sons provoquent des longueurs dans le projet, même si d’autres, excellents, rétablissent un certain équilibre. Les productions sont aussi riches que les textes, ce qui fait que les deux se noient parfois sans véritablement ressortir. Enfin, l’interprétation du rappeur manque parfois d’émotion ou de force, comme s’il s’était retenu de tout donner, peut-être par pudeur. C’est dommage, car avec toutes les qualités intrinsèques de La grande désillusion, Benjamin Epps aurait pu délivrer une oeuvre extrêmement poignante.

Benjamin Epps, sans doute conscient de la pression qui reposait sur ses épaules nous avait malgré tout prévenu. « Impatient de te lire, impatient d’savoir que t’es déçu ». Gardons néanmoins en tête que c’est son premier album : le rappeur a encore de nombreuses opportunités, ainsi que toutes les forces, pour se parfaire et nous surprendre. 

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La grande désillusion

par Benjamin Epps

7
sur 10

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