Reviews | Biffy Clyro - The Myth of The Happily Ever After : un album cathartique

The Myth of The Happily Ever After

par Biffy Clyro

sur 10

Biffy Clyro – The Myth of The Happily Ever After : un album cathartique

Un an après la sortie de A Celebration of Endings, Biffy Clyro revient plus tôt qu’on ne les attendait avec The Myth of The Happily Ever After. Sorti le 22 octobre 2021, le neuvième album du trio écossais s’impose comme un sombre épilogue à leur album de 2020.

Résolument plus morose, ce nouvel opus puise en effet directement son inspiration dans la pandémie du COVID-19 qui a secoué le monde en 2020 et 2021.

L’influence de la pandémie palpable dans The Myth of The Happily Ever After

Comme les délicates premières lueurs de l’aube, l’album s’ouvre sur la légère et aérienne Dum Dum. Cette très belle intro met d’abord en relief une certaine sérénité avant de céder sa place à une brusque montée en intensité par l’introduction des percussions. Un rapide coup d’œil aux paroles suffit pour comprendre, à travers cette musicalité, l’engagement, presque politique, des musiciens écossais : Dum Dum est une critique nette et acerbe de la gestion de la pandémie du COVID-19 par le Premier ministre britannique Boris Johnson. Le ton de l’album est donné.

S’ensuit l’excellente Hunger In Your Haunt qu’on avait déjà découverte en avant-première le 20 septembre 2021. Cette chanson conjugue un refrain entrainant et des riffs carrés et accrocheurs à la Biffy Clyro, à des paroles presque criées, tirant sur le punk. Le pessimisme dépeint dans la chanson résonne énormément avec le stress, l’anxiété, la lassitude, mais aussi l’énervement et l’exaspération qui ont rythmé nos vies durant ces deux années de pandémie.

Un album dystopique et cathartique

Un autre titre à ne pas manquer est bien Witch’s Cup et ses sublimes harmonies mécaniques. Encore une fois, Biffy Clyro ne nous déçoit pas. La grande richesse poétique des paroles est nuancée par leur sens profondément cynique et réaliste : la mort et toutes les craintes mais aussi les espoirs qu’elle suscite. Le synthé apporte une touche d’originalité apaisante et profonde qui ne passe pas inaperçue. Enfin, les pointes de saturation magnifiquement bien maitrisées dans la voix de Simon Neil nous conquièrent. Witch’s Cup est si belle qu’on n’oublierait presque que c’est avant tout un titre qui évoque le trépas.

Puis, la magnifique Holy Water s’ouvre sur une simple et naturelle guitare sèche, fait rare dans cet album. L’introduction des percussions dans un premier temps, puis des puissants accords de guitare électrique permettent à la chanson de décoller. Holy Water un excellent titre qui transmet de l’émotion pure, c’est un titre à écouter fort et à chanter ! Le magnifique duo final entre la batterie et les riffs électriques sublime cette chanson. Que de puissance dans Holy Water !

La grande richesse musicale de The Myth of The Happily Ever After

The Myth of The Happily Ever After est une réussite tant par sa structure musicale que la variété de rythme imposé dans l’enchainement de ses titres. La frénétique Errors In The History of God précède la tranquille et intense Haru Uara. Cette dernière nous offre une bouffée d’air dans un album assez noir. La très créative Unknown Male 01 est à ne surtout pas manquer : elle alterne une sincérité et douceur presque biblique à riff lourd frôlant le metal et nous comble d’imprévisibilité et d’inventivité.

Slurpy Slurpy Sleep Sleep renoue une nouvelle fois avec le synthé et la singularité de la voix folk de Simon Neil. La décharge envoyée à travers la multiplication d’accords au synthé, de voix électrisées et l’usage irréfréné de la batterie est une expérience musicale à part entière. A travers ce déchainement rythmique, l’exaspération palpable le long de cet album atteint enfin son paroxysme. C‘est alors que cette succession de sons s’interrompt brutalement pour laisser la place à une douce harmonie de violoncelle clôturant cet album comme on clôturerait une histoire. En six minutes, l’électro-rock créatif n’aura cessé de danser avec de puissantes explosions métalliques. On vibre à travers cette chanson tant elle joue magnifiquement bien avec les genres.

L’habile effet miroir avec A Celebration of Endings

The Myth of The Happily Ever After brille par sa créativité musicale et poétique. En proie à des questionnements, des doutes, et de l’isolement, The Myth of The Happily Ever After s’impose clairement, par un habile effet miroir, comme le jumeau maléfique de A Celebration of Endings.

Sans affirmer que le bonheur est temporaire, cet album rappelle cependant la même réalité que la pandémie : la souffrance, la séparation et la mort font partie de la vie.
Par son caractère inédit et exceptionnel, son ampleur et son impact sur les esprits, la pandémie du COVID-19 aura finalement offert une nouvelle source d’inspiration à de nombreux artistes. Biffy Clyro a su se saisir de ce concentré de sentiments et d’émotions et le transformer en musique. La pandémie n’aura donc pas eu que des mauvais côtés.

Après leur passage au Lollapalooza en 2019, on retrouvera enfin le trio écossais, le 7 mars 2022 à Paris !