The Way it Ends
par Currents
Deux ans après la sortie de I Let the Devil In, Currents revient avec The Way it Ends. Un nouvel album dans la continuité du précédent mais une sortie peut-être trop hâtive.
Fondé en 2011, Currents c’est du metalcore. « Non c’est du Djent! ». Alors soyons clairs dès le départ. Le Djent : c’est pas une catégorie de metal. C’est une manière de jouer, une onomatopée. Tu prends ta guitare, tu la grattes de manière étouffée, tout en l’accordant plus bas que la normale, tu rajoutes de la disto et ça donne une onomatopée : « djent ». Avec ça tu mélanges un peu de metalcore, de heavy, de death voire de thrash et bam. T’as un nouveau style qui rentre dans le fourre tout qu’on appelle aujourd’hui « metal progressif ». Currents se rapproche plus du metalcore que du progressif. En djent version progressif, je te mets du Periphery ou du Meshuggah (à l’origine du djent), et ça n’a rien absolument rien à voir avec Currents.
Currents c’est 5 gars, 4 albums à leur actif et un changement de line-up important entre le 1er et le 2eme album : un changement de chanteur. Le changement quitte ou double, celui qui peut faire prendre une toute autre direction à un groupe. La différence entre Life//Lost (1er album) et The Place I Feel Safest (2ème album) est limite palpable. On passe sur quelque chose d’un peu plus mélodique en termes de chant et ça peut être déroutant. En somme, que ce soit Patrizio Arpaia (chanteur originel) ou Brian Wille (chanteur actuel), chacun apportait/apporte sa vision, son style et une trajectoire au groupe. Mais jusqu’ici, Currents n’a pas déçu.
Oublions donc Life//Lost et concentrons-nous sur la suite. Le quatrième album de Currents est parfaitement dans la continuité des deux précédents mais… Il y a un mais. Le teaser a commencé en novembre dernier avec le titre Poverty of Self, un morceau 100% metalcore (oui avec du djent), d’une violence qui ravie les tympans, du growl, un break de dingue, bref, tout s’annonçait bien.
Puis, A Flag to Wave débarque, toujours avec un très bon break, de la violence, du djent tout ça, tout ça. Un refrain mélodique mais qui ne vient pas tuer le morceau pour autant. En mai, débarque Monsters. Un morceau qui n’a rien à voir avec les deux précédents. J’y reviendrai plus bas.
The Way it Ends
Sorti le 5 juin 2020, The Way it Ends c’est 11 titres, 38 minutes. L’album démarre avec Never There, intro qui vient poser le ton et surtout l’ensemble de l’atmosphère de l’album. Ça va pas être très joyeux, ça va même être triste. Y’a pas mal d’émotions dans la voix de Brian Wille, ça sent la colère, le désespoir. Le metalcore tu me diras, mais non. Techniquement, tu ne peux que t’attendre à une pépite à la vue des albums précédents. Y’a toujours eu énormément de taff, tout est toujours très net et les surprises sont légion.
The Way it Ends commence donc très bien. On débarque sur quelque chose qui répond à tes attentes. Sur du metalcore, un truc qui te donne envie de bouger tes cervicales. A Flag to Wave, Poverty of Self sont des titres que j’attends de Currents. Monsters est dingue. C’est peut-être mon coup de coeur de l’album. On change un peu de registre mais y’a du changement de rythme, une polyvalence impressionnante chez Brian Wille et ce « I gave you everything! OUH! » est jouissif, sans compter le petit solo qui fait du bien. Kill the Ache vient achever le tout, sorte d’outro, plutôt atmosphérique.
Le problème c’est que ça repart sur Let me Leave, qui est exactement dans la même veine que le morceau précédent. Il en devient long. Il y a aussi un énorme problème au niveau du refrain : c’est exactement le même rythme que celui de A Flag to Wave.
Origin viendra réveiller tes tympans, te sortir de la lourdeur initiale, toujours de la polyvalence, un « duo » sur « Burning! Brighter! » mais… Le refrain, à nouveau, est exactement le même que celui de A Flag to Wave. Et c’est franchement dommage !!! Techniquement ce morceau est fou !
Split arrive alors avec ses riffs saccadés (« split » du coup…), un groove qui vient réveiller tes cervicales, malgré des couplets un peu mou et un refrain mélodique, les musiciens te décrochent quelques claques. On enchaîne avec Second Skin : une première partie qui fait rêver, un couplet à moitié mou, un putain de break, un solo MAIS un refrain calqué sur A Flag To Wave (encore!). Là ça commence à devenir un peu redondant. Et malheureusement c’est ce que tu retiens du morceau, cette partie qui te déplaît ! Rebelotte sur How I Fall Apart et sur a Better Days. J’ai quitté l’album, déçue. La quinzième écoute n’y changera rien.
Pour résumer
Le problème du metalcore c’est qu’il faut réussir à s’extraire de la masse. Il y a des centaines de milliers de groupes de metalcore et bien que dans certains les musiciens y soient géniaux, si l’ensemble ressemble à quelque chose que t’as déjà entendu, tu vas vite l’oublier. Jusqu’ici, Currents se plaçait au-dessus de la masse.
Chris Wiseman (guitare), Ryan Castaldi (guitare), Dee Cronkite (basse) et Jeff Brown (batterie) sont dingues. Brian Wille est dingue. I Let the Devil In et The Place I Feel Safest, sont de très bon albums (réécoute juste Withered !!!). Et pourtant, malgré toute la technicité que Currents a à donner, et qui est indéniable, malgré les quelques surprises etc… Cet album lasse vite, trop vite. Plus on avance, plus ça manque d’originalité (les refrains…) et tu en ressors avec un goût amer, une impression de déjà entendu. Une sortie trop rapide ?
Tracklist :
01. Never There
02. A Flag to Wave
03. Poverty of Self
04. Monsters
05. Kill the Ache
06. Let Me Leave
07. Origin
08. Split
09. Second Skin
10. How I Fall Apart
11. Better Days
La page officielle de Currents
The Way it Ends
par Currents