power trio
par Danko Jones
Simple, efficace. Depuis 25 ans, c’est la recette des albums de Danko Jones, et le dixième opus des trois canadiens ne déroge pas à la règle. Dans un trio, chaque musicien doit tenir sa place, tout doit être simple, carré et en place. Power Trio enfonce le clou et porte haut et fort cette vision d’un rock’n’roll tiré du fond des tripes, duquel tout le superflu a été enlevé pour ne garder que l’énergie brute.
On aurait pu penser qu’avec les contraintes de production liées au Covid (voir notre interview de John Calabrese à ce sujet), l’énergie du live se serait un peu perdue en route. Il a fallu la force de conviction du bassiste pour que le groupe se remette au travail, il a fallu aussi convaincre Danko qu’enregistrer à distance et séparément était possible. Mais au final, Danko Jones nous livre une fois de plus avec Power Trio un album dense, puissant, énergique, qui nous prend de la première à la onzième piste sans nous laisser souffler.
Les 4 singles déjà sortis nous donnaient déjà un avant-goût de ce qui nous attendait, et le reste de l’album suit dans la même veine. Ce qui ressort tout d’abord, de par leur place dans l’album et leur sortie en single, c’est ce cri du coeur de Danko pour revenir sur les scènes qu’il aime tant (I Want Out, Let’s Rock Together, Start the Show), comme si le plus dur était l’éloignement de son public. Ce besoin de parcourir les routes à nouveau est porté par un power-rock simple et assez joyeux, qui donne envie de bouger le pied et head-banger avec lui.
Autre sujet central de l’album, et de la carrière du groupe : l’amour des femmes. On est là dans le bon cliché du cuir, du motard et des femmes légères. Que ce soit sur Saturday, qui prend le contrepied du Saturday Night’s Alright d’Elton John pour faire un hymne aux galipettes à la maison le samedi, ou sur Good Lookin’ et Blue Jean Denim Jumpsuit qui célèbrent le corps des femmes et l’effet qu’elles ont sur lui, on n’est pas sur du très subtil, mais encore une fois sur un message direct et droit au but. La mélodie se fait plus sautillante, presque espiègle (Good Lookin‘), avec une évidence : si c’est joyeux, il y a des femmes pas très loin. Et quand ce ne sont pas les femmes qui sont directement visées, ce sont les pulsions du rocker, comme dans Dangerous Kiss qui emprunte à Kiss sa ligne rock épurée du début (revisitée à la sauce Danko).
A côté de cette ligne légère et frivole, l’album aborde également des sujets plus graves. Mais toujours avec ce même besoin d’énergie et d’action : Ship of Lies est un cri d’alarme pour inviter son public à faire entendre sa voix (« It’s time to get loud »), Raise Some Hell invite dans un joyeux rock californien à se rappeler le meurtre de George Floyd et les manifestation du mouvement Black Lives Matter qui ont suivi. Get To You et Flaunt It quant à elles portent un message résolument optimiste sur la résilience de l’individu et la vacuité des critiques des autres (« Don’t you let them get to you / you can’t let them win »).
Si l’on doutait encore de la volonté du groupe de faire de Power Trio un distillat de tout ce qui fait l’essence du rock’n’roll, Start The Show enfonce définitivement le clou. En s’inspirant ouvertement de la structure et des riffs légendaires de Back in Black et Highway to Hell, Danko Jones met un point final à son message, nous invite à poser le casque et venir nous secouer en live, là où sa musique prend tout son sens. Le tout en s’offrant les services d’un Phil Campbell qui vient poser un solo de guitare dans la plus pure tradition du rock.
Power Trio : l’efficacité au prix de l’originalité
Si on se fait clairement plaisir à l’écoute de Power Trio, il souffre cependant du même défaut ancré dans ses gênes que tous les mastodontes du genre : c’est du rock, et puis c’est tout. La critique qu’on pouvait déjà faire à A Rock Supreme, s’applique à nouveau ici. Certes, le groupe assume son approche instinctive et viscérale de l’écriture, mais il en ressort des titres vite appréciés, vite oubliés. Lesquels sortiront véritablement du lot ? Après quelques écoutes, Ship of Lies et I Want Out ont le potentiel pour durer. Les autres retourneront sans doute se mêler aux eaux tumulteuses qui définissent le son de Danko Jones et contribuent, à chaque album, à l’ancrer définitivement dans le rock’n’roll. Qu’importe la mémoire cependant, la promenade est belle, et on a hâte de retourner dans le pit pour prendre la mesure de ces quarante minutes de pure énergie.
L’album paraît le 27 août chez Sonic Unyon Records et est disponible à l’achat ici.
Set list
- I Want Out
- Good Lookin’
- Saturday
- Ship of Lies
- Raise Some Hell
- Blue Jean Denim Jumpsuit
- Get To You
- Dangerous Kiss
- Let’s Rock Together
- Flaunt It
- Start The Show
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