Ohms
par Deftones
Le neuvième album des Deftones a débarqué le 25 septembre dernier. Il s’appelle Ohms – et non Eros comme toutes les rumeurs nous l’annonçait, depuis des mois, des années – et c’est un véritable soulagement.
Le teaser a démarré tôt, très tôt, avec une conférence de presse sur le remix de White Pony, Black Stallion. Chino nous annonçait que l’album était presque prêt mais qu’en vue de la situation actuelle (covid blabla), il ne sortirait pas tout de suite. En effet, le groupe estimait qu’une sortie d’album sans concert derrière pour le « vendre » ne fonctionnerait pas. Voyant la situation quelque peu s’enliser, il semblerait qu’ils aient changé d’avis. Les Deftones nous ont donc lâché, le 21 août, Ohms, titre éponyme de l’album.
Et là, tes petites oreilles retrouvaient d’ores et déjà des sonorités qui t’avaient manqué. Ohms c’est du pur Deftones. Rien à ajouter si ce n’est les 9 cordes de Stephen. Et bam ! Genesis s’est pointé.
Genesis c’est simple. C’est Rosemary et Hexagram. Cette gratte des dieux juste avec deux riffs, Delgado qui est au sommet, Chino qui gueule… Ils seraient pas en train de nous faire un retour aux sources là ? Attends le premier couplet ne s’enchaine pas automatiquement avec un refrain ultra-mélodique ? Attends on a le droit à l’effet mégaphone ? Sérieusement j’ai versé une larme. Après la sortie de Gore, on pouvait s’attendre à tout comme à rien. On sortait quasiment d’un deuil. En 2016 on s’est tous regardés, des questions plein la tête. Evolution trop rapide, direction simplicité, OVNI ? Les membres du groupe étaient même divisés au sujet de Gore, Stephen avait annoncé, avant sa sortie, qu’il avait détesté travailler dessus. Et toi en mettant le cd, t’avais réalisé pourquoi.
Ohms
10 titres, 46 minutes, qui démarre par Genesis pour terminer par Ohms. T’as eu le début et la fin en teaser et t’espères bien que le reste sera à la hauteur de tes attentes qui n’ont cessé d’augmenter. Et là, surprise : Ohms comble ces dernières avec brio. Quel soulagement ! Attention : je n’ai pas dit qu’il était parfait !
Après Genesis, Ceremony se pointe. Bien qu’un peu plus léger, à partir du troisième couplet : ce morceaux est à couper le souffle, ça ne s’arrête jamais. Urantia et Error sont les parties où ça va malheureusement pécher. C’est dommage parce que les deux commencent très bien. Le riff d’Urantia est génial, le groove d’Error l’est aussi mais leurs refrains respectifs sont imbuvables. Vraiment. J’y reviendrai plus tard.
Ohms repart avec The Spell of Mathematics. Même si le refrain n’est pas incroyable, la basse du pré-refrain et les parties criées par Chino version When Girls telephone Boys remontent largement le niveau. Le coup de fouet revient sur Pompeji et ça a été le coup de foudre à la première écoute de Ohms. C’est doux et la gifle se pointe sur le refrain, tout en douceur. Certains feront le lien avec Sober de Tool, pour la thématique et cette plainte assourdissante. The Link is Dead c’est CMD/CTRL. Le break se fait attendre, ne déçoit pas puisque ce cher Chino prouve qu’il en a encore dans le coffre et puis paf: double break tant qu’à faire !
Ils t’enchaînent avec Radiant City, encore pas mal de groove, un Stephen qui se fait plaisir, Delgado est en très grande forme et le refrain est parfait. Bien que très mélodique, il n’est pas déconnant par rapport au reste, question d’enchainement et de mood. Même histoire pour Headless qui lui va être un peu plus lancinant, noir, pour un refrain aérien.
Le final se fait sur Ohms. Mais pourquoi ? C’est une mauvaise idée non ? Headless est mieux pour finir non ? C’est ce que je pensais au début, Ohms ne mérite pas la place finale. Et bah en fait si. C’est simple : Ohms regroupe tout ce que tu trouves dans l’album, toutes les petites subtilités : groove, reprise lancinante, refrain mélodique, micro partie hurlée (concentre toi sur la fin). Ohms, en plus d’être le titre éponyme, est le résumé parfait de l’album. Chaque subtilité étant plus au moins exploitées en fonction des morceaux.
Pour résumer ?
Ohms est un très bon album, même si il perd en vitesse très vite pour en regagner ensuite. Je t’explique pourquoi. Les Deftones c’est le groupe qui réussit à faire cohabiter, dans un seul morceau, le bonheur et le malheur sans se diriger plus vers l’un ou vers l’autre. A côté d’un Stephen lancinant, t’as un Cunningham aérien qui abuse de ses différentes cymbales. En plus de ça, t’as Delgado qui prend partie pour te plonger dans telle ou telle ambiance (au dessus du sol bien souvent) et Vega qui s’assure de bien insister sur les parties qui doivent te lacérer le bide. Double dualité. Le rôle de Chino dans tout ça ? Te faire valser entre les deux, entre le noir et le blanc. Au choix : il gueule, il susurre, il chante, mais jamais il ne prend partie. Et il aura surtout tendance à te tirer vers le bas quand t’es tout en haut. Te faire tomber de ton piédestal, toujours te faire douter et faire l’inverse quand t’es en bas. C’est là ou Error, Urantia et Gore, dans son ensemble, ne fonctionnent pas : un côté a été choisi. Quand c’est trop joyeux, trop chantant, trop mélodique, les couteaux entre tes côtes ils sont sortis et la plaie a automatiquement cicatrisée.
Pour te la faire simple, au-delà de ces 2 morceaux à peu près oubliables, tu peux foncer. Ohms renoue avec ce qu’on aime des Deftones et il aurait été plus simple que j’écrive directement: les Deftones font du Deftones et c’est tant mieux, on pouvait pas espérer mieux.
Tracklist :
01. Genesis
02. Ceremony
03. Urantia
04. Error
05. The Spell Of Mathematics
06. Pompeji
07. This Link Is Dead
08. Radiant City
09. Headless
10. Ohms
La page officielle des Deftones
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