Nihilistic Estrangement
par Forgotten Tomb
Ferdinando Marchisio a.k.a Herr Morbid, entretient et élève son enfant difforme et impie, Forgotten Tomb, depuis maintenant un peu plus de 20 ans, en y expérimentant agressivité et sonorités dissonantes. Le groupe, originaire d’Italie, est reconnu dans la scène black metal et metal extrême comme l’un des pionnier du genre DSBM, comprenez Depressive Suicidal Black Metal, genre se détournant du satanisme comme le black metal originel pour les sentiments humains très négatifs en y utilisant des tempos plus lents et d’un grand désespoir. Depuis maintenant 10 ans, la formation (qui restera néanmoins le projet fixe d’Herr Morbid) développe ses envolées destructrices, et expérimente un mélange de black et doom metal, utilisant des guitares graves, lourdes, et avec des compositions « à l’américaine » ; soit des tempi rock’n’roll et accrocheurs, loin des frasques DSBM d’antan.
Comme l’a clairement dit Ferdinando, cet album, nommé très justement Nihilistic Estrangement, ouvre une nouvelle page dans l’histoire du groupe, n’en prouve d’ailleurs l’artwork, plus léger et réconfortant que les 2 dernières sorties, qui s’illustraient aux couleurs rouge, noir et blanc (la pochette de Hurt Yourself and The Ones You Love, avec cette femme aux yeux bandés forcée d’avaler des balles d’arme à feu, restera ma préférée). Alors, nouveau style graphique, nouveau son ? Oui et non. Oui, car les riffs plus mid tempo et atmosphériques ont une présence plus importante, non, car l’instinct groovy et torturé des italiens est toujours bien présent. En 40 minutes de temps tout juste, nous avons droit à un panel de morceaux, tous différents, avec leur sonorités et leurs ambiances propres.
Active Shooter, première piste de l’album, se découvre des riffs plus mélancoliques qu’à l’accoutumée, mais garde néanmoins une base rythmique solide et accrocheuse. Les choses deviennent plus intéressantes avec la première partie d’Iris’ House, et son air de 4 notes totalement sorti d’un autre monde, entre trip hallucinogène et état de mort cérébrale. Du spoken word en plus et nous voilà envoutés par les envolées négatives d’Herr Morbid, que l’on félicitera d’ailleurs pour sa voix black metal non suraigüe comme le veut le style, mais toujours rauque, frôlant les barrières vocales du sludge. Les surprises se succèdent également sur Distrust3, au riff accrocheur, précédent son refrain accessible et groovy, avant de se fondre dans le solo céleste épique de la fin. La plus grand « choc » sera tenu par le titre éponyme, aux arpèges shoegaze et même apaisant. Le plus atmosphérique de tous, et surement le meilleur de part sa légèreté inattendue et subtile. Le mix m’intrigue aussi, la batterie un peu en retrait laisse la place aux guitares réverbées, et surtout au chant, guidant tout ce petit orchestre dans la folie, sans jamais manquer de dynamisme et nous permettant d’apprécier chaque instrument à sa juste valeur ; on notifiera de plus une bonne lisibilité sur la basse, ce qui est toujours un plus.
Ni trop long ni trop court, Nihilistic Estrangement aura su donc offrir une musique envoutante et jouissive, bien dosée, sans jamais tomber dans le piège de se perdre dans des passages uniquement contemplatifs comme j’ai pu injustement le croire à la première vue de l’artwork (réalisé par Paolo Girardi, illustrant un rêve étrange d’Herr Morbid). Mieux encore qu’explorer un genre, Forgotten Tomb pousse les limites de son propre style, ouvrant certainement une nouvelle vision sur sa musique et nous donnant envie d’en découvrir plus par la suite sur le monde étrange des italiens. On en redemande. Affaire à suivre !
Tracklisting :
- Active Shooter
- Iris’ House Pt. I
- Iris’ House Pt. II
- Distrust3
- Nihilistic Estrangement
- RBMK
Lisez l’interview d’Herr Morbid à l’occasion de la sortie de Nihilistic Estrangement ici
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