Reviews | Ghost - Skeletá, le pape est mort, vive le pape !

Skeletá

par Ghost

6.5

sur 10

Raboulez les chapelets ! Depuis des mois, Ghost nous bombarde de publications quant à la sortie prochaine de son nouvel album Skeletá. Avec une date annoncée qui est le 25 avril, Pozzo Live vous propose en avance de savoir si la messe est dite !

If you have ghost…

Ghost dont le nom complet est Ghost B.C (Because of Copyright) est un phénomène mondial qui nous vient de Suède. Baigné dans une atmosphère mi-sataniste, mi-cléricale, le groupe a été fondé en 2006.

Parfois classé faussement dans la catégorie du métal, Ghost est en réalité plus proche de courant comme le hard rock, le progressif, le psychédélique voir certaines touches de pop surtout ces derniers temps.

Evoluant, vous l’aurez compris, dans un univers constellé de cierges, de tiare et de sacrements divers et variés, Ghost a connu le succès à partir de 2010 principalement aux Etats-Unis qui se sont révélés friands de cet univers.

A l’origine, le groupe a su maintenir un anonymat et même si les mauvaises langues parlaient, les membres étaient connus comme les différentes apparitions de personnages nommés Papa Emeritus allant de I à IV ainsi que ces acolytes, les Nameless Ghouls.

Mais si Ghost est connu dans la sphère musicale, c’est également pour les remouds qu’il avait suscité en 2017. En effet, un histoire digne d’une telenovela avait enu en haleine une bonne partie de la scène hard rock : Quatre anciens membres du groupe Simon Söderberg, Mauro Rubino, Henrik Palm et de Martin Hjertstedt portant plainte pour une affaire de gros sous. Cette affaire aura eu comme collatéral de révéler officiellement les membres du gorupe ainsi que le nom de Tobias Forge comme chanteur du groupe.

Ni une ni deux, Ghost refond sa charte graphique… Enfin pas tout à fait ! Nouveaux design de goules, un Cardinal Copia qui renverse le Papa Emeritus précédents et on n’en parle plus. Car il est comme ça Tobias Forge : loin de se dégonfler par ces embrouilles, il sort l’année suivante Prequelle avec sa toute nouvelle équipe avec qui cette fois il prend des mesures et fait cette fois signer des contrats. Malgré toutes les turbulences, Prequelle saura séduire son public avec des titres comme Rats ou Dance Macabre.

Bien que connu pour sa gestion mercantile de Ghost dont il ne se cache pas vraiment, Tobias Forge a depuis su mener jusqu’à maintenant sa barque d’une main de maître. Ayant autant rencontré de succès qu’il a clivé la population hard rock métal, il continue de surprendre avec des mises en scène toujours plus fantasques et grandioses. Car si vous n’aimez pas sa musique, le show qu’il produit lors de ses tournées saura vous faire malgré tout passer le temps. L’un de ses derniers coups d’éclat, c’est la reprise de Jesus He Knows Me de Genesis qu’on a pu entendre absolument partout.

Allez donc faire un petit tour sur la page Youtube de Ghost pour profiter de leur musique mais aussi de petites scénettes à l’humour plus ou moins certains pour animer l’univers autour de Ghost.

Avec toute une médiatisation en grandes pompes, Ghost annoncait 25 avril prochain, leur sixième album : Skeletá.

PO, PO, PO, POCHETTE !

Une ambiance encore plus macabre qu’à l’accoutumée avec cette nouvelle pochette de Ghost. On y retrouve ce qui s’apparente à une pièce. De cette couverture se dégage principalement les deux tableaux ornés de cadres en vis-à-vis dont on parlait plus tôt. En effet, l’ensemble de la création est quasi en noir et blanc. Les deux tableaux colorés sont donc les premiers éléments qui attirent le regard.

A mesure que les yeux s’habituent à l’image, on repère à chaque nouveau coup d’œil un nouvel détail. Le sigle surplombe un haut de squelette qui se fond en un premier Pape dont le corps constitue la tiare d’une forme papale plus grande tenant le sceptre au motif bien connu du groupe.

La pochette de Skeletá dispose d’un entrelacement de cadres qui se couvrent et se confondent. Qu’il s’agisse des quatre du fond de la pochette ou bien des deux qui se font face sur les côtés, ceux-ci sont recouverts d’une multitude de détails assez difficiles à résumer sans en faire une dissertation. Mais dans l’ensemble on y voit des détails d’architecture gothique et d’une multitude de squelettes plus ou moins entiers dans des positions diverses et variées.

TITRES DE L’ALBUM



1. Peacefield
2. Lachryma
3. Satanized
4. Guiding Lights
5. De Profundis Borealis
6. Cenotaph
7. Missilia Amori
8. Marks Of The Evil one
9. Umbra
10. Excelsis

Skele-quoi?

Avec Peacefield, l’album démarre sur une voix de crécelle rejoint progressivement par un choeur mixte. Cette impression de dimanche qui fait presque passer la petite corbeille d’aumône est coupée par une guitare lead complètement imprégnée des années 80. Notez bien cette ambiance, parce qu’elle représente l’essence même de ce nouvel opus.

Globalement, Skeletá tend de façon assez prononcé dans le vintage tant bien que mal incarcéré dans l’identité bigot/épouvante qu’on leur connait. Le résultat n’est pas forcément repoussant mais l’impression est tel qu’on se sent en train d’écouter un medley d’Europe et Ghost.

Mais ne vous effrayez pas, petites brebis égarées devant ce changement de style car Lachryma vous servira de dose de rappel. Tant et si bien que j’ai parfois la sensation de prêter l’oreille à Cirice par la guitare que par la diction sur les couplets.

Même atmosphère pour Satanized, à laquelle nous avons été biberonné depuis le mois et demi dernier. C’est un peu la pièce qui sort du lot de l’album. Le solo hurlant et les chœurs des derniers couplets laissent pour le coup une marque un peu plus solide dans nos vieux bulbes ramollis. L’environnement est connu et a déjà su être reconnu par son public.

C’est d’ailleurs ce style un peu heavy dans la guitare qui va créer une sorte de scission dans l’album. D’un côté, on retrouve Guiding Lights, une balade plutôt tranquille voir qui a un goût de nouveau d’Europe ou Foreigners. Tobias Forge aurait-il pris goût aux reprises de cette époque et nous ferait à sa façon rêvasser avec nostalgie de cette période?

Dans la série génériques de fin de Top Gun, on retrouve Cenotaph par son intro. La suite nous propulse plutôt 10 ans plus tard avec sa tendance Genesis. Mais de nouveau, on retrouve un solo de guitare plutôt sympa.

De l’autre côté, De Profundis Borealis qui commence avec une transition piégeuse au piano vient secouer l’auditeur. D’un coup, d’un seul, la guitare se veut furieuse, façon heavy voir powermétal. On se croirait presque sur Fields Of Sorrow d’Orden Ogan, l’intro bourrinus en moins. Missilia Amori, quant à elle, avec son ouverture plus tranchante nous rappelle l’identité de Ghost. Mais le titre ne marque pas énormément. Comme si on l’avait entendu sur un album précédent…

La fin d’album ne reste que trop oubliable. Et c’est vraiment dommage. Malgré le fait que Skeletá tenait peut-être une piste d’évolution pour le groupe Ghost, la sensation finale qui nous reste, c’est que l’album n’est pas forcément abouti…

Skeletá offre de chouettes découvertes avec Satanized et Peacefield. Le côté hybride avec la touche rétro est plutôt sympa mais c’est assez difficile de retrouver la marque de Ghost qui n’est pourtant pas si mal d’habitude. Cet album renferme une touche de pas fini qui taraude franchement pendant toute l’écoute… D’autant plus en regard du travail minutieux que le groupe a l’habitude d’offrir sur ses précédents albums ou prestations.

Ghost se concentre sur un univers vintage plutôt sympathique même si on retrouve ses premiers amours dans le clip de Satanized et son ombre du Nosferatu de 1922. A l’image de son précédent EP Phantomime, on sent que Tobias Forge a pris goût aux reprises de la génération Genesis mais pour autant, le groupe peut-il se forger une nouvelle identité moitié rétro moitié heavy et réussir à conserver son auditoire ? Tout ceci offre un nouvel album en demi-teinte qui pousse à se demander si cela est dû à l’explosion marketing du groupe pourtant bien connue depuis des années ou bien un chemin nécessaire dans sa recherche d’identité ?