MEMORIA
par Jazzy Bazz
Plus de trois ans après « Nuit » (2018), Jazzy Bazz avait annoncé en 2021 la sortie de son prochain album MEMORIA.
Pour nous faire patienter, l’artiste nous a teasé plusieurs extraits : P-Town Blues qu’il a interprété chez COLORS, Panorama ou Elément 115.
Pour ce troisième album, Jazzy Bazz met toutes les chances de son côté avec un casting très ambitieux. Nous retrouvons par exemple Alpha Wann, Nekfeu ou EDGE, avec qui il a déjà collaboré. Mais il crée également de nouvelles connections en invitant Josman, Laylow ou robdbloc.
Jazzy Bazz est attendu au tournant avec ce nouveau projet. Sorti le 21 janvier 2022, MEMORIA est composé de 17 titres où le rappeur démontre son talent d’écriture dans des univers sans cesse différents.
Alors, quel est le verdict ?
Avec le premier titre Memoria, Jazzy Bazz réalise une entrée en matière qui est fidèle à son nom. On y retrouve des notes de piano et de saxophone très jazzy, ainsi que des éléments de drill et des paroles incisives. Cette introduction confirme le talent de l’artiste à mélanger des influences différentes et à dépoussiérer les codes du rap.
Nous plongeons rapidement dans une atmosphère plus sombre avec Coeur, Conscience. Ce morceau se distingue par son texte très travaillé, où Jazzy Bazz se montre plutôt critique envers la société et prouve qu’il peut également faire du rap « conscient », mais moderne.
Nous enchaînons ensuite avec deux feats : Panorama avec Alpha Wann et Albiceleste avec Josman.
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Si les deux anciens de l’Entourage découpent la prod’ et enchaînent les punchlines, Josman, quant à lui, permet d’apporter un peu plus de douceur et de mélodie à l’album. Dommage d’ailleurs qu’il n’ait pas eu droit à son couplet !
Le morceau suivant, Nouvelle 3.14, fait écho à son premier projet « Sur la route 3.14 ». Il le remet néanmoins au goût du jour, avec des notes de piano qui m’ont fait penser à l’incroyable Tookie Knows II de Schoolboy Q. Bref, Jazzy Bazz continue d’innover.
Le feat qui suit avec EDGE est légèrement décevant, du moins selon moi. En effet, je n’ai pas trouvé que Zone 19 était à la hauteur de leurs précédentes collaborations. Element 115, avec Nekfeu, permet aux deux rappeurs de démontrer leurs qualités techniques : le flow et l’écriture sont au niveau.
Un second souffle en deuxième partie
Si je n’étais pas particulièrement convaincue de la première partie lors de la première écoute, le reste de l’album prend une nouvelle dynamique.
En effet, on repart sur D.ieu, qui se veut plus introverti, voire triste. Le morceau est court mais efficace.
On se prend ensuite une claque en écoutant P-Town Blues, où on y retrouve une nouvelle mélodie au piano qui est absolument magnifique. On reconnaît ici la patte de Jazzy Bazz, avec des sonorités moins drill ou trap que les précédents titres.
L’Interlude nous permet de prendre une petite pause avant d’enchaîner sur Sablier. Les sonorités sont groovy, même si le refrain est légèrement en deçà des couplets.
Jazzy Bazz change néanmoins d’atmosphère dans Arkham Anthem. On entre dans un univers sombre, où l’artiste alterne entre chuchotements et flow agressif. Ces variations m’ont d’ailleurs fait penser à du Laylow dans « Trinity » (2019), alors je ne pouvais qu’apprécier.
On retrouve ensuite une deuxième collaboration avec EDGE. Le refrain de Dark City est entraînant et la globalité du morceau est mieux réussie que leur premier feat sur l’album.
Pour le quatorzième titre, Jazzy Bazz invite robdbloc, un rappeur français encore peu connu. Si je ne suis pas particulièrement fan de l’instru dans Mental, je reconnais que les deux artistes avaient une très belle alchimie.
Une fin en apothéose
Le morceau suivant, Memento Mori, permet à Jazzy Bazz de démontrer qu’il est un excellent parolier. Sur un piano triste, il se dévoile et nous fait réfléchir.
Des fois, aucun certitude, je ne décrète plus rien Dotés de conscience, qu’est ce qui distinguera les androïdes des êtres humains ?
Vient ensuite le morceau le plus réussi de l’album à mes yeux : .RAW Spleen avec Laylow. La connexion paraît au début surprenante, mais on est rapidement conquis. Les deux rappeurs font des passe-passe où l’on n’arrive presque plus à les distinguer l’un de l’autre. Le titre se termine sur un solo de saxophone absolument magnifique, interprété par… le père de Jazzy Bazz ! Bref, un vrai bonheur pour les oreilles.
Le projet se conclut avec Destinée, qui se révèle être un excellent dernier morceau. On y retrouve un flow technique, une instru jazzy (tout en nous faisant penser à A Lot de 21 Savage), des paroles travaillées… Bref, tout ce qui démarque Jazzy Bazz dans le rap français !
En conclusion ?
Si MEMORIA de Jazzy Bazz peut nous laisser perplexe à la première écoute – notamment avec la première partie -, l’album gagne véritablement en puissance au fur et à mesure des réécoutes. Les feats sont réussis et certains morceaux solo marquent l’esprit. Jazzy Bazz a su démontrer sa capacité à évoluer et à exceller sur différentes productions, tout en gardant un fil rouge pendant tout le projet. L’artiste s‘adapte, innove, sans jamais compromettre son identité et sa sensibilité.
Bref, cet album est une véritable bouffée d’air frais dans le paysage du rap français !
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MEMORIA
par Jazzy Bazz