C’est sous la direction de Nikolaj Szeps-Znaider que l’Orchestre national de Lyon s’est réuni à l’Auditorium de Lyon ce samedi 7 décembre 2024 pour s’attaquer au chef d’œuvre qu’est la cinquième symphonie de Gustav Mahler.

Une première partie comme une dédicace à Schubert

En première partie nous avons eu le droit à une très belle interprétation de « Rendering » de Luciano Berio. Le hautbois a su ressortir de façon remarquable.

Connu pour ses « folk songs » et pour ses travaux dans la musique électroacoustique, Berio a étudié les travaux de Franz Schubert. Il a restauré sa dixième symphonie qui n’était jusqu’alors restée qu’à l’état d’esquisse.

« Au cours de ces dernières années, j’ai souvent été sollicité pour faire «quelque chose» avec Schubert, et je n’ai jamais eu de mal pour résister à cette invitation aussi gentille qu’encombrante. Jusqu’au moment, pourtant, où j’ai reçu une copie des esquisses que Franz, âgé de trente et un ans, avait accumulées pendant les dernières semaines de sa vie en vue d’une Dixième Symphonie en ré majeur (D. 936 A) […] Séduit par ces esquisses, j’ai donc décidé de les restaurer, de les restaurer et non de les reconstruire […] le climat expressif du second mouvement (Andante) est stupéfiant : il semble habité par l’esprit de Mahler. »

Note de Luciano Berio au sujet de Rendering

Le mélange du travail de Schubert avec celui de Berio produit un contraste intéressant. Romantisme du XVIIIe siècle se mélange à des dissonances plus modernes.


Une symphonie contrastée parfaitement exécutée

C’est avec un effectif plus important que Nikolaj Szeps-Znaider revient après l’entracte pour s’attaquer à la cinquième symphonie de Malher.

Première partie

Le premier mouvement commence. Il se présente sous la forme d’une marche funèbre. Nous sommes immédiatement plongés dans une atmosphère pesante avec les cuivres qui retentissent comme une fanfare militaire. Ils finissent enfin par disparaître dans un decrescendo plongeant dans les graves. Les cordes arrivent alors dans une extrême douceur.  Puis les vents et les percussions réapparaissent jusqu’à former un climax avec des dissonances et des notes suraiguës aux violons. Les solistes à la trompette et au cor ressortent par leur jeu impeccable dans ce tumulte. La marche finira finalement par s’éteindre sur des roulements de grosse caisse pianissimo puis un dernier pizzicato (en pinçant les cordes aux doigts plutôt que de frotter avec l’archet) fortissimo des contrebasses.

Le deuxième mouvement s’enchaîne. Au caractère emporté et véhément, il commence de façon tonitruante. Il alterne les moments de fougue avec des passages plus calmes, comme celui où les violoncelles reprennent le thème de la marche funèbre et sont soutenus par les accords des bois.

Deuxième partie

Vient ensuite le tour du mouvement central, le troisième, construit sur des rythmes de valses à trois temps et débordant de vitalité.

Troisième partie

La quatrième mouvement, l’Adagietto est probablement celui que nous attendons tous. Nous sommes plongés en état d’apesanteur. L’orchestre est réduit à l’ensemble des cordes, qui se partagent le thème. La harpe vient délicatement ponctuer cette douce mélodie. Le tempo lent ainsi que les dissonances dues aux retards et aux notes de passages viennent étirer ce moment de douceur.

C’est sur le cinquième mouvement aux couleurs plus joyeuses que se termine cette symphonie.

L’imposant effectif sous la direction de Nikolaj Szeps-Znaider a su faire ressortir toute la finesse d’écriture de Mahler. La masse orchestrale a été exploitée à la perfection pour faire ressortir les différentes émotions que le compositeur a induit dans son œuvre.

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