Panther

par Pain of Salvation

10
sur 10

Quel que soit le groupe, la sortie d’un nouvel album est un événement mêlant enthousiasme et appréhension. Cette nouvelle galette saura-t-elle trouver sa place dans la discographie du groupe ? L’album sera-t-il dans la même veine que les précédentes créations ? Apportera-t-il des nouveautés ? Ne proposera-t-il pas un tournant trop marqué ? Autant de questions qu’il est légitime de se poser, mais pour lesquelles le public n’aura pas forcément les mêmes attentes.

Même si Pain of Salvation ne déroge pas à cette règle, les questionnements sont néanmoins légèrement différents. En effet, le groupe est connu pour n’avoir jamais sorti deux albums similaires, et ce grâce au génie de son leader, Daniel Gildenlöw. Par conséquent, la déception viendrait, pour beaucoup de fans, moi y compris, d’un album réchauffé. Cet album, s’il sortait, ne serait certainement pas mauvais : même si le groupe divise par nombre de ses directions musicales, il n’a jamais proposé d’album médiocre. Mais fort heureusement, ce jour n’est pas arrivé ! Pour autant, Panther est-il réellement à la hauteur des attentes ?…

Pain of Salvation avait mis la barre très haut avec son dernier opus, le très personnel In the Passing Light of Day. En effet, cet album est, à mon sens, le meilleur que les suédois aient sorti, avec Be, depuis leur formation en 1991. Autant vous dire que j’attendais ce Panther de pied ferme !

C’est Accelerator, morceau d’ouverture de l’album, qui a été choisi comme premier single. Il marque d’emblée le thème du concept-album, à savoir le rejet des personnes considérées comme « anormales », différentes, par nos sociétés modernes.

I know what you’re thinking: I must be the problem here

Très bon choix de single puisque celui-ci, d’une redoutable efficacité, représente bien la globalité de Panther : le groupe garde sa patte, un metal progressif plein d’émotions, tout en ajoutant ce qui fait la marque de ce nouvel opus : de la musique électronique. Cela semble être de mode dans le milieu, puisque d’autres groupes s’y sont mis avec brio dernièrement, notamment Leprous sur Pitfalls ou encore Long Distance Calling sur How do we Want to Live? (dont vous pouvez lire nos critiques ici, et ). C’est peut-être avec cet aspect que certains crieront au scandale, de la même manière que lorsque Daniel Gildenlöw s’était brillamment essayé au rap sur Scarsick avec les titres Scarsick et Spitfall. Peu importe. Pain of Salvation ne joue pas pour plaire aux fans. Leur musique a toujours été et sera toujours inattendue, personnelle, et déroutante.

En parlant de musiques inattendues et déroutantes, le groupe nous offre avec son second single, Restless Boy, un titre particulièrement expérimental. Toujours appuyé par un clavier très électronique, Daniel fait utilisation d’autotune afin de se donner une voix très robotique, ce qui n’est pas sans rappeler The Raven d’Alan Parsons Project. Ce morceau, s’il peut paraître assez indigeste au premier abord, est en vérité un pur bijou. De plus, cela offre une nouvelle occasion à Léo Margarit, seul français du groupe, de montrer ses talents d’excellent batteur !

Panther marque aussi le retour du guitariste Johan Hallgren, qui avait quitté le groupe après la sortie de Road Salt Two. Malheureusement, le bassiste Gustaf Hielm, même s’il a participé à l’élaboration de l’album, a décidé de quitter le navire suite à une grave dépression.

Comme à son habitude, Pain of Salvation joue un metal progressif axé non pas sur la technicité, mais plutôt sur les ambiances et les émotions. Plusieurs atmosphères se retrouvent sur Panther : l’album suit une ligne directrice de compositions inquiétantes et angoissantes (Unfuture, Restless Boy, Panther, Icon), avec un aspect très tribal (notamment sur Panther). Pour autant, on y retrouve aussi de l’espoir couplé à une certaine mélancolie avec Wait. Ce titre aurait été parfait en clôture d’album si l’incroyable Icon n’occupait pas déjà cette place. Avec ses 13 minutes, ce dernier est sans aucun doute le meilleur titre de l’album. Entre sentiment oppressant et profonde tristesse, il remplit un rôle similaire au sublime The Passing Light of Day présent sur l’opus précédent : laisser l’auditeur abasourdi, avec une envie sauvage de lancer à nouveau l’album.

Petit passage étonnant mais intéressant de Panther : le court interlude qu’est Fur vient reposer un peu les oreilles, les caresser, avant de repartir avec le titre éponyme de l’album. Après Used, Scarsick ou encore Spitfall, Daniel Gildenlöw propose à nouveau un titre rapé avec brio sur les couplets. Et ce refrain envoûtant si doux, si planant… Preuve que cet homme sait absolument tout faire ! Ce morceau sera le troisième et dernier single à paraître.

Quant à savoir si Panther s’inscrit dans la continuité de In the Passing Light of Day, Species vient rappeler que ce dernier n’est pas si loin. Plus rock, il aurait tout aussi bien pu apparaître sur le duo Road Salt One & Two.

Seul Keen to a Fault me laisse sur ma faim : malgré qu’il reste un bon morceau, je le trouve en-deçà de ses homologues. Peut-être le temps me fera-t-il changer d’avis. En effet, comme tout album réussi, Panther est de ceux qui se bonifient avec le temps. Chaque écoute amène de nouvelles découvertes, des détails que l’on n’avait pas perçus malgré nos dizaines d’écoutes précédentes. C’est pourquoi j’attribue, malgré tout, la note maximale à cet album qui propose une relecture d’une richesse incroyable.

Avec des enregistrements comme Rise Radiant de Caligula’s Horse ou encore Kala de Mobius, pour ne citer qu’eux (vous pouvez lire nos chroniques à leur sujet ici et ), quel excellent cru que cette année 2020 pour le metal progressif. Quoi qu’il en soit, Panther s’inscrit sans aucun doute comme la meilleure galette de l’année. Les six mois restants nous diront s’il conservera ce titre…

 

Vous pouvez commander Panther sur le site officiel de Pain of Salvation. N’oubliez pas qu’en cette période de covid, acheter du merchandising directement aux groupes est le meilleur moyen de les soutenir !

 

Tracklist :

  1. Accelerator
  2. Unfuture
  3. Restless Boy
  4. Wait
  5. Keen to a Fault
  6. Fur
  7. Panther
  8. Species
  9. Icon

Panther

par Pain of Salvation

10
sur 10

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