Quest For Fire
par Skrillex
Préambule
Vous vous souvenez du dubstep ? Ce courant musical qui a décollé vers les années 2010 et qui par la même occasion décollait le papier peint de vos voisins ? Et bien un des précurseurs du genre fait son grand retour en cette année 2023, et il le fait bien ! Deux albums d’un coup dans la même semaine ! Je parle évidemment de Skrillex aka Sonny Moore.
Le prodige de l’électro faisait parler de lui au compte goutte en collaborant avec quelques artistes soigneusement choisis. Toutefois en dehors de ça, nous n’avions pas eu de grosse production depuis 2014 avec son dernier LP : Recess. Ce n’est pas un congé prolongé du compositeur mais malheureusement la vie qui est ce qu’elle est parfois : imprévisible, impitoyable et cruelle. Je vous laisse allez vous renseigner si ça vous intéresse et je referme la parenthèse triste.
Skrillex nous livre donc deux albums Quest For Fire et Don’t Get Too Close, cette review se concentrera sur le premier et la critique du second est disponible ici !
Quest For Fire – Vue d’ensemble
Nous avons donc 15 titres avec des durées très variables allant de moins de deux minutes à plus de 5 minutes. Un volume assez colossal de featuring avec des grands noms de la musique électronique : Noisia, Fred Again… mais aussi des artistes de genres bien différents comme Missy Eliott par exemple.
En comparaison de “l’ancien” Skrillex qui utilisait des sons agressifs voire brutaux, cette nouvelle version de lui-même nous expose des pièces minimalistes mais sophistiquées avec une grande maitrise. Si les mélodies ou les rythmes ne paraissent pas très innovants, la conception sonore est divine et le tout est mixé dans un parfait équilibre. Terminé la ligne de basse fortement distordue et saturée. Place à des ponctuations de basses fréquences aux résonances contrôlées et impactantes. Pour ce qui est de la classification : nous sommes évidemment dans la catégorie musique électronique. Cependant, j’ai l’impression qu’il existe presque autant de sous-genre dans cet album que d’artiste ayant collaborés avec Skrillex pour sa réalisation. C’est donc très varié et je vous laisse écouter pour vous faire votre avis.
Techniques de production
Pour ne pas vous perdre dans la suite de l’article, voici quelques explications sur des termes un peu techniques :
- Sample/Sampling : Traduit en échantillon/échantillonnage, il s’agit d’une technique de production utilisant des extraits d’autres morceaux ou d’autres sources pour enrichir sa composition musicale. Dans cet album par exemple sur les titres Tears et Hydrate Skrillex utilise le sample de la fée Navi dans Zelda : “Hey Listen!”. Il utilise également un sample dont il se servait beaucoup dans son EP Scary Monsters and Nice Sprites, le fameux “Oh my God !” tiré d’une vidéo youtube de speedstacking.
- Vocal chop : Presque comme le sampling, cela consiste à couper un morceau de voix (souvent en plein milieu et sur un temps court) afin de pouvoir l’utiliser de façon ryhtmique. Un bon exemple sur cet album est le morceau Hazel Theme.
Les morceaux
Quest For Fire – Première partie
Nous commençons donc avec Leave Me Like This et l’interprète Bobby Raps, un titre très catchy et entrainant qui contient pourtant des paroles plutôt sombres. Retenez bien la petite mélodie chantée en arrière plan comme suspendue en écho au début de la chanson. Elle est un peu le fil conducteur entre les deux albums. Nous en reparlerons.
RATATA En collaboration avec Missy Eliott et Mr. Oizo est pour moi l’OVNI de cet album. Un synthé un peu désaccordé est des percussions particulières remettent au goût du jour l’artiste de Rap/Hip-Hop.
Au passage, 5 morceaux avaient été publiés progressivement avant la sortie de l’album et un 6ème a été ré-édité avec Posij : TOO BIZARRE (ft. Swae Lee, Siiickbrain) sorti en 2021.
Une ambiance un peu plus “underground” se détache avec Tears (ft. Joker & Sleepnet) et Rumble (ft. Flowdan & Fred again..) pour repartir sur quelque chose de plus festif avec Butterflies (ft. Starrah & Four Tet).
Nous replongeons ensuite dans un univers plus mystérieux et ombreux avec Inhale Exhale (ft. Aluna & Kito). Ici la voix d’Aluna (du duo AlunaGeorge) se prête parfaitement au sampling et aux réverbérations en arrière plan de la chanson.
Quest For Fire – Deuxième partie
A Street I Know (ft. Eli Keszler) nous donne l’impression d’émerger des rues obscures et inquiétantes des morceaux précédents. Nous retrouvons des sonorités plus claires et je ressens un soupçon de nostalgie quand j’écoute ce morceau.
La surprise de cet album pour moi est Good Space (ft. Starrah) : une forte énergie concentrée dans 2 minutes qui donne vraiment envie de se bouger quand la chanson se lance.
La clôture de l’album se fait sur deux titres : Hazel Theme (pas de featuring cette fois) et Still Here (with the ones that I came with) (ft. Porter Robinson & Bibi Bourelly). Hazel Theme amorce lentement la transition vers la conclusion de l’album en utilisant une des techniques favorites de Skrillex : le vocal chop.
Un mélange d’extraits de deux chansons : Time de Snoh Aalegra et de What Dreams Are Made Of de Hilary Duff constituent cette interlude et nous suivra dans le dernier morceau. D’ailleurs avez vous remarqué la mélodie jouée en arrière plan puis au piano? Il s’agit de la même entendue au tout début de l’album ! Cette mélodie nous accompagnera jusqu’à la toute fin de cette œuvre et sera même entendue au début de Don’t Get Too Close le second album dont la critique est déjà disponible sur Pozzo Live !
En conclusion
Cet album Quest for Fire par Skrillex démontre la versatilité de l’artiste et son évolution depuis ses débuts en 2010. Il a su se constituer un certains nombre de relations dans le milieu de la musique et cela se voit en partie avec le nombre d’artistes de renommée qu’il a su rassembler sur cet album. A ce propos, il est très important de souligner que malgré le nombre gargantuesque de collaborations sur cet album, l’écoute ne fait aucun doute : il s’agit bien de Sonny Moore aka Skrillex à la production. Avec des artistes pourtant caractérisés par des sonorités très établies et identitaires, il est très difficile de ne pas reconnaître la patte du prodige.
Pour finir
Après tout ça vous me diriez : “mais cet album est parfait, je n’ai pas vu de point négatif dans cet article !”. Alors non, cet album est très bon certes, mais pour moi le principal point faible de cette pièce vient aussi de son point fort : les collaborations. J’ai le sentiment que pour conserver son identité sur cet album, Skrillex a dû s’imposer et que parfois cela a freiné l’envolée créative d’autres artistes. Par exemple pour Porter Robinson dans la chanson de clôture. Un peu frustrant mais comme je le disais en début d’article, le « nouveau » Skrillex a des sons maitrisés et contrôlés, peut-être un peu trop désormais selon moi.
Ne laissez pas ce dernier point vous refroidir, il s’agit tout de même d’un de mes albums favoris de la décennie et je pense que tout le monde peut y trouver son compte. Je vous laisse aller écouter ça, à bientôt !
Tracklist
- Leave Me Like This (ft. Bobby Raps) – 3:08
- RATATA (ft. Missy Elliott & Mr. Oizo) – 2:06
- Tears (ft. Joker & Sleepnet) – 3:05
- Rumble (ft. Flowdan & Fred again..) – 2:26
- Butterflies (ft. Starrah & Four Tet) – 3:15
- Inhale Exhale (ft. Aluna & Kito) – 3:25
- A Street I Know (ft. Eli Keszler) – 3:35
- XENA (ft. Nai Barghouti) – 4:11
- TOO BIZARRE (juked) (ft. Swae Lee, Siiickbrain, Posij) – 3:28
- Hydrate (ft. Flowdan, BEAM, Peekaboo) – 3:36
- Warped Tour ‘050 (ft. Pete Wentz) 4:48
- Good Space (ft. Starrah) – 2:12
- Supersonic (my existence) (ft. Noisia, Josh Pan, Dylan Brady) – 2:45
- Hazel Theme – 1:51
- Still Here (with the ones that I came with) (ft. Porter Robinson & Bibi Bourelly) – 5:03
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par Skrillex