Reviews | Scarlean - Soulmate : en forme de confirmation

Soulmates

par Scarlean

sur 10

Après un premier EP éponyme en 2013, et un excellent premier album Ghost sorti en 2016 (qui vient d’être réédité chez Mystyk prod), Scarlean est revenu fin 2019 avec son nouveau LP. Un album en forme de confirmation, aux frontières entre nu metal et rock alternatif, et l’occasion pour nous de passer en revue Soulmates.

Le quintet avignonais, emmené par Alexandre Soles (chant/auteur/compositeur) prend dans cet opus encore plus d’ampleur émotionnelle que dans Ghost. Le cœur de la formation est complété par Geoffrey Vo Van Chieu (guitare/compositeur) et Michel Canavaggia (guitare/compositeur), dernièrement rejoints par Olivier Jacquet (basse) et Fabien Giordani (batterie/producteur/ingénieur son). A noter que c’est Eric Lebailly (Adagio, Louis Bertignac) qui tient la batterie sur l’album pour permettre à Fabien de gérer la production.

On passe en revue Soulmates

Soulmates est à l’image du groupe, un mélange d’influences variées. Tantôt nu metal, tantôt rock alternatif, l’album ne s’installe pas dans un genre, mais empreinte à chaque style des gimmicks pour servir l’identité musicale de la chanson. Si le début de l’album est plutôt metal (Haters, Wasting my Time), il glisse progressivement vers une ambiance plus calme. On peut souligner le gros travail du couple basse/batterie, nettement plus présent que sur Ghost. Un son lourd renforcé par l’utilisation de guitares 7 cordes, qui sert des riffs de guitare énergiques et précis orchestrés à contre-pieds de mélodies souvent mélancoliques (Wasting my Time, Perfect Demon, Treat me Bad), parfois aériennes (Our world will surely stop, The Smell of Blood). Un chant qui flirte parfois à la limite du growl, mais savamment dosé, et qui vient là encore jouer avec le côté plus aérien des claviers.

L’album s’ouvre sur un tryptique très teinté nu metal. Next to the Maker introduit tout de suite le groove plus appuyé du groupe. Les refrains sont bien ficelés, assez accrocheurs, les arrangements trip-hop des couplets contrastant avec les guitares des refrains. Un des morceaux qui m’ont le plus convaincu ! Accents nu metal encore sur le puissant Haters, qui rappelle un peu Slipknot par ses contrastes, même si le rythme est moins énergique. Les sonorités aériennes qui parsèment l’album font leur apparition, notamment l’une des guitares qui rappelle un traitement à la U2. Le son se fait plus haché, presque hardcore, sur Wasting my Time. C’est un des morceaux où l’ont entend tout le travail fait sur la production, avec un pont très technique qui mélange habilement les claviers et la batterie.

Perfect Demon est un petit moment de grâce, un autre coup de cœur de l’album. Il introduit une rupture dans l’album, avec une atmosphère noire, à la limite du malsain. Alexandre montre ici la variété vocale dont il peut faire preuve. Tout en progression, les premiers couplets laissent toute la place à la voix, soutenue par un bon groove, tandis que les refrains redonnent de l’énergie. On retrouve un peu les montées en puissance de Leprous, qui pointera son nez aussi un peu plus tard sur Our World Will Surely Stop.

Vient le featuring de l’album, Wonderful Life, reprise du tube de Black avec Anneke von Grisbergen. Si cette version apporte une relecture horrifique intéressante, avec le chromatisme d’entrée entendu dans d’innombrables films d’horreur, elle ne révolutionne pas non plus le titre. Mais on se laissera rêver à l’écoute de l’accord parfait entre la voix lumineuse de Anneke et celle plus grave et sombre d’Alexandre. Elle mettra bien en contraste Treat me Bad, single de l’album, qui redonne une ultime touche heavy, presque djent, à cet album. On retrouve là encore des rythmes hachés, des synthés très présents, dans une ambiance que Pain of Salvation ne démentirait pas.

Les trois titres suivants, You’ll Never Know, Our World Will Surely Stop et A Lie To Remember plangent dans une ambiance plus sombre et moins metal, où l’auditeur se perdra dans les mélodies mélancoliques et sombres. Petit moment de grâce sur Our World Will Surely Stop quand les guitares s’effacent pour ne laisser que la voix et la batterie. Là encore, on sent que le groupe a progressé dans sa production et l’approche de son style.

L’album se ferme sur Ego, qui avec ses guitares très The Edge dans les couplets donne un peu de variété à l’album. The Smell of the Blood finit l’album sur des refrains qui restent dans la tête, des mélodies aériennes, avec notamment ces chœurs féminins qui invitent à la mélancolie.

Pour conclure

Scarlean nous offre là un album d’excellente facture, même si à l’écoute une certaine lassitude s’installe sur la fin. Le travail est intéressant, avec une belle exploration de leur sonorité et un mélange des genres pas désagréable. J’aurais aimé un peu plus de variété dans les mélodies et rythmes proposés pour en faire un coup de cœur, mais c’est un opus qui mérite définitivement qu’on s’y attarde, et qui confirme le talent grandissant de Scarlean sur la scène métal française.

Tracklist:

01. Next to the maker
02. Haters
03. Wasting my time
04. Perfect Demon
05. Wonderful life
06. Treat me bad
07. You’ll never know
08. Our world will surely stop
09. A lie to remember
10. Ego
11. The smell of the blood