The New Abnormal
par The Strokes
The Strokes – The New Abnormal : Place au spleen !
Après sept longues années d’absence, le nouvel album des Strokes, The New Abnormal, marque enfin le retour tant attendu des new-yorkais. Pour le meilleur ou pour le pire ?
Les Strokes, qu’on avait vu l’été dernier au Lollapalooza, nous surprennent aujourd’hui avec un nouvel album apportant une bonne dose d’originalité et de spleen.
Alors que l’évolution musicale électro-pop du group est loin de faire un consensus parmi les fans du premier album mythique Is This It, The New Abnormal confirme ce tournant pris par les « sauveurs du rock » aux dépens du garage rock et du post-punk.
The New Abnormal : un son mélancolique
On ne peut nier que ce nouvel album, très calme, est d’une grande créativité dans sa composition sonore. The New Abnormal démontre une fois de plus le grand talent des cinq new-yorkais en instituant un duo permanent entre la voix de grande amplitude de Julian Casablancas et un instrumental plus électro que jamais. Cependant, on peut déplorer le recours, presque systématique, au son perçant du clavier électronique, à des morceaux déjà bien construits. Alors qu’on attendait une renaissance des Strokes, on espère, à chaque morceau, une montée en intensité et une explosion musicale, qui finalement n’arrivent pas.
Nous sommes bel et bien loin de la rogne et de l’énergie de Is This It, mais cet album n’a pas vocation à combler les attentes des nostalgiques de la première heure.
Les titres à ne pas manquer
The New Abnormal nous offre plusieurs morceaux paisibles et assez singuliers. The Adults Are Talking insuffle une ambiance sereine, comme un croisement post-punk entre New Order et Travis, où des riffs efficaces donnent la réplique à la sublime voix cristalline de Julian Casablancas.
Le titre Selfess, quant à lui, est probablement le morceau qui rythmera votre été. La douce voix de Julian Casablancas se mêlant tranquillement aux répétitions du synthé demeure assez agréable à écouter.
Bad Decisions vous fera battre la mesure avec votre pied et vous restera en tête tout l’après-midi. La raison ? Probablement le refrain du morceau qui rappelle Dancing With Myself de Bill Idol (co-crédité d’ailleurs avec Tony James sur cette chanson). Ce morceau est une vraie réussite par sa cadence, sa structure instrumentale bien pensée, l’utilisation audacieuse et simultanée de la voix et de la guitare pour la mélodie et surtout le splendide vibrato grave de Casablancas qui nous avait tant manqué.
Se succèdent ensuite des morceaux à la fois étranges, surprenants et frustrants comme At the Door ou Eternal Summer. Ce dernier sonne d’ailleurs comme un clin d’œil au passage de Casablancas chez Daft Punk sur l’album Random Access Memories.
Ode to the mets : le coup de coeur
L’album se conclut sur l’incroyable ballade Ode to the mets, qu’on avait déjà eu le plaisir de découvrir lors du concert donné par les Strokes le 31 décembre 2019 à New-York au Barclays Center. On est conquis dès les premières notes. Le synthé ouvre le bal et mène agréablement la danse avant de s’effacer, peu à peu, au profit du timbre grave et séduisant de Casablancas. De tout l’album, ce morceau est indéniablement le plus audacieux, le plus travaillé et le plus imprévisible. Le « drums please, Fab » qui surgit en plein morceau en fera d’ailleurs sourire plus d’un. La fin est marquée par une quasi envolée lyrique qui nous plonge alors dans une déferlante d’émotions : une véritable catharsis donnant presque la chair de poule. Avant d’entamer le dernier couplet, on se demande si ce morceau ne se clôturerait pas comme un adieu du groupe.
« I was juste bored playin’ the guitar
Learned all your tricks wasn’t too hard
It’s the last one now, I can promise you that
I’m gonna find out the truth when I get back
[…]
The only thing that’s left is us
So pardon the silence that you’re hearing
It’s turnin’ into a deafening painful shameful roar».
Les Strokes étaient là.
Les Strokes sont repartis.
Peut-être pour de bon cette fois.
Tracklist
- The Adults Are Talking
- Selfless
- Brooklyn Bridge to Chorus
- Bad Decisions
- Eternal Summer
- At the Door
- Why Are Sundays So Depressing
- Not the Same Anymore
- Ode to the Mets
The New Abnormal
par The Strokes