Reviews | Willie Nelson - A Beautiful Time

A Beautiful Time

par Willie Nelson

8.5

sur 10

Monstre sacré de la western-country music depuis 1962, Willie Nelson nous offre pour ses 89 ans, ce 72ème album solo studio, A Beautiful Time.

Soixante douzième album ! Vous avez bien lu. Et si on compte les albums avec collaboration, on arrive à 97 disques au total ! Depuis 1993, il sort un, voir deux albums par an. Rien qu’aux États-Unis, il a vendu plus de 40 millions de disques. Ce qui en fait un des artistes country les plus productifs de la fin du XXème siècle.

Alors, avec tout ceci, est-ce-qu’on arrive à son ultime album ? Eh bien, non. 60 ans de carrière bien passé, et ce cher cow-boy a encore toute sa belle forme et sa voix est toujours aussi classe. Il est parmi ces artistes qui continueront, bien après l’âge de la retraite. La musique c’est leur vie, ils aiment ça et nous le font partager ; et cette magie opèrent toujours, même après 72 albums pour Willie Nelson…

A Beautiful Time est sorti le jour des 89 ans de l’artiste, le 29 avril dernier, chez Legacy Recordings. 14 chansons couvre le disque, dont 2 covers ; « Tower of Song » de Leonard Cohen, et le classique « With A Little Help From My Friends » de The Beatles.

L’album s’ouvre avec « I’ll Love You Till The Day I Die », une belle balade lancinante, où la guitare slide nous oblige à bouger la tête en rythme. Quelques touches de piano ici et là, un harmonica discret, la musique fonctionne toujours par sa simplicité. C’est peacefull, feel good, et la voix de Willie Nelson n’a rien perdue. S’en suit « My Heart Was a Dancer » qui, dans un tempo plus rapide, finit par conquérir rapidement l’auditeur, qui fredonnera la chanson. C’est le type de morceau qui s’écoute lors d’un road trip à travers les plaines Américaines, à bord d’un van avec une bande de copains ou avec sa famille. On ferme les yeux et on se voit à là bas, sous le soleil, la poussière, et ses paysages à pertes de vue.

« Energy Follow Thought » se présente avec son tempo très lent. La chanson est apaisante par sa douceur, avec ses riffs de guitares traînants, ce son d’harmonica au souffle parfois coupé et la guitare Trigger de Willie Nelson, qui résonne dans la poitrine. Mystérieux, aérien, vous pouvez écouter ça de nuit avec un bon feu, et vous voilà dans le Yosemitie Park. Du coup, après un petit repos, quoi de mieux que de repartir sur une balade enjoué ? « Dreamin Again » fera le taff, avec son esprit feel-good et la voie de la talentueuse Melonie Cannon, se juxtaposant avec celle de Nelson.
« I Don’t Go To Funerals » se démarque des précédents titres en étant très dynamique, dansant et entrainant. Amusant pour un morceau parlant de la morts des amis de Willie et de ses propres funérailles auxquelles il ne sera pas présent. T’en fais pas Willie, nous te souhaitons encore une longue vie !

Arrive le morceau titre de l’album, « A Beautiful Time », qui au final, ne sort pas plus du lot que les autres. Un très bon morceau, certes, mais on attendait peut-être un peu plus venant du titre principal. « We ‘re No Happy (Till You’re Not Happy ) », qui clôture cette première face de l’album, reste dans la continuité des 2 précédents titres, on reste dans la country rythmée. On sent que l’ordre des morceaux a été pensé pour le rythme de l’ensemble, qui s’enchaînent bien comme les heures d’une journée.

Willie Nelson en concert avec Lindsay Riddick

Lindsay Riddick (à gauche) en compagnie de Willie Nelson. Concert du 1 mai 2022, Spicewood, Texas, USA.

La face B s’ouvre avec « Dusty Bottles » où le décor du western est figé dans le temps. Ça sent la poussière, la nostalgie, et le temps qui passe, comme le morceau qui suit « Me & My Partner ». Le fait de savoir que, sur la même face nous attendent deux covers de grands de la musique que Willie Nelson a connus personnellement, joue énormément. Un message que le chanteur veut faire passer, qui est de profiter de la vie, du temps et des amis, des bons souvenirs et des copains…

Arrive enfin l’attendu « Tower Of Songs » du grand Leonard Cohen. Loin, très loin de la version originale, Willie Nelson propose une réinterprétation à la sauce country-western music très réussie. Fini la voie crooner de Leonard Cohen, les longues nappes de basses au synthétiseur, et les chœurs féminins. Nelson s’approprie la chanson et la fait sonner comme une de son propre répertoire. Et ça fonctionne ! Le jeu de la contrebasse en fait un morceau moins monotone que l’original. C’est toujours risqué de faire des covers comme ceci sans taper dans le cliché, mais pour le coup, ça passe et ça encourage pour l’autre cover de l’album.

« Live Every Day » et « Don’t Touch Me There » ouvrent le bal des morceaux les plus dansant de l’album. On attrape sa ou son partenaire et c’est parti, on se laisse entraîner par la musique. Ce petit duo de chanson vous fera danser en duo ! L’un plutôt slow, l’autre rythmé, on revient sur cette bonne ambiance feel good qu’on veut tous passer avec ses copains lors d’un road-trip…Et quoi de mieux pour y arriver qu’un peu d’aide des amis ?

Extrait de l’incroyable Sgt. Pepper’s Lonely Heart Club Band des Beatles, Willie Nelson rejoint le groupe de ceux qui ont repris « With A Little Help From My Friends ». Et on le sait, les fans des Beatles (moi le premier) sortent les dents et griffes si on massacre une de leurs chansons. Mais là encore, Willie Nelson réussi son coup et égalera Joe Cocker et sa version endiablée chantée à Woodstock en 1969.
L’interprétation respecte l’original sans l’effacer. On sait tout le respect que Nelson porte aux Beatles, en ayant joué avec Paul McCartney himself, mais aussi en ayant rejoué plusieurs chansons de leurs catalogues (y compris des carrières solistes de John Lennon et George Harrison). La liste est maintenant complète, car c’est bien Ringo Starr qui tenait le micro sur l’originale de With A Little Help…

Willie Nelson conclue A Beautiful Time avec le très beau « Leave You », qui résonne comme un petit ‘farewell’ qui colle parfaitement avec la pochette du disque. Une ambiance de coucher de soleil, d’au revoir et à très bientôt. Le morceau conclue parfaitement le ressenti de l’écoute de l’album.

Comme dit précédemment, il ressort de ce nouvel album énormément de nostalgie du temps qui défile. Clairement il ferait une belle bande original pour un film road-trip, feel-good movie. L’album s’écoute au calme, posé dans un canapé pour savourer cet instant.

Alors certes, il n’a rien à rendre jaloux les précédents, mais il dégage quelque chose de sincère, qui se veut à la portée de chaque auditeur. Avec ce disque, on passe un bon moment aux côtés de Willie et ses amis ; comme on passe les nôtres avec notre entourage. Un album très réussi, qui on espère ne sera pas son dernier, et souhaitons à Willie Nelson d’aller jusqu’à produire son 100ème album. Le message de ‘A Beautiful Time’ est clair et net, et se traduira par deux mots : Carpe Diem…

Ce nouvel album a déjà été grandement salué par la presse Américaine et Nelson défendra son disque lors d’une grande tournée aux USA qui débutera le 4 mai à travers le continent. See you, space Cow-Boy !

Tracklist